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- Lutte ouvrière n°1637
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Editorial
Faisons du 11 décembre un nouveau succès
Les six chefs de gouvernement ou d'Etat qui se sont retrouvés à Florence pour discuter du " progressisme au XXIe siècle ", se prétendent réformateurs de gauche, voire socialistes. Mais pour ces réformateurs à la Jospin, Blair, Schröder ou Clinton, réformer signifie laisser les mains libres au patronat, et démolir les quelques protections sociales obtenues ou imposées par les travailleurs dans le passé. Leurs mots diffèrent parfois, mais pas leur politique.
La loi Aubry illustre bien celle-ci. Elle avait été présentée comme la grande oeuvre en faveur des travailleurs du gouvernement Jospin. Au total, elle fait sauter les verrous limitant la durée hebdomadaire du travail, permet aux patrons d'imposer la flexibilité et de faire varier l'horaire du travail à leur gré. Elle impose des négociations par entreprise, isolant les travailleurs les uns des autres, morcelant leur force collective. Et en plus, elle prévoit de donner pour cela des subventions aux patrons !
C'est une loi de régression sociale contre laquelle les travailleurs ont à se battre pour se défendre, comme le montre la multiplication des grèves et des réactions de protestation au fur et à mesure que la loi entre en application, de Peugeot à la SNCF, de General Motors à La Poste, en passant par la radio et la télévision.
La bourgeoisie a toutes les raisons d'être satisfaite de ces gouvernements socialistes, qui non seulement prennent des mesures qui favorisent le patronat mais les font passer pour des mesures de gauche !
La loi Aubry, un moyen de créer des emplois ? Un mensonge grossier ! Les grandes entreprises continuent à en supprimer. En augmentant le chômage, elles aggravent les conditions de travail de ceux qui restent.
Alors, il n'est plus possible de les laisser utiliser le rapport de forces créé par le chômage pour aggraver encore le chômage !
Mais pour inverser le rapport de forces entre le grand patronat et le monde du travail, il faut une lutte d'ensemble. Cela ne s'improvise pas, mais cela se prépare.
Faisant suite à la manifestation du 16 octobre, la journée d'action du 11 décembre, organisée à l'initiative du PCF et à laquelle s'est jointe Lutte Ouvrière comme d'autres organisations, peut être, et doit être, une étape de cette préparation. Les manifestations, là où elles sont prévues, qu'elles soient départementales ou régionales, sont cette fois plus proches du domicile ou du lieu de travail de ceux qui sont prêts à manifester. Il faut qu'augmente le nombre de travailleurs qui montreront, par leur présence, qu'ils en ont assez des suppressions d'emplois et du chômage, des conditions de travail qui s'aggravent, de la flexibilité, assez qu'on fasse passer les actionnaires avant les salariés.
Dans certaines régions, comme la région parisienne, les organisations politiques ayant participé au 16 octobre et les organisations de chômeurs appellent à une même manifestation. Avec un emploi ou privés d'emploi, nous faisons partie du même monde du travail et c'est tous ensemble que nous avons une chance de faire reculer le patronat.
Il faut imposer l'interdiction totale des licenciements, sous peine d'expropriation, par les entreprises qui font du profit. Les patrons prétendent que les licenciements sont inévitables. Il faut leur imposer la levée du secret des affaires afin que les travailleurs, que la population puissent connaître la réalité. En contrôlant les comptes des entreprises et ceux de leurs actionnaires, on verra que l'argent existe pour sauvegarder les emplois mais aussi pour en créer de nouveaux.