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- Lutte ouvrière n°1637
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Dans les entreprises
Les caisses d'allocations familiales face à la pauvreté et à la précarité
Lorsque le RMI a été créé, il y a un peu plus de dix ans, le gouvernement s'est " débarrassé " du problème du payement de cette prestation en l'affectant aux Caisses d'allocations familiales, les CAF, dont ce n'était pas précisément la vocation, plutôt que de créer un organisme spécialisé.
Les CAF versent donc le RMI à un nombre sans cesse croissant de " bénéficiaires " : ils étaient 550 000 en 1991 et 1,1 million en 1998, soit le double ! Les CAF s'occupent en outre de verser les allocations adulte handicapé et parent isolé, sans oublier évidemment les... allocations familiales. D'où une avalanche de travail supplémentaire.
Les Caisses sont devenues ainsi les principaux centres de lutte contre la pauvreté. Six millions de personnes en dépendent, soit 10 % de la population. Et le nombre d'allocataires augmentait jusqu'à présent de 8 % par an... en dépit des belles déclarations sur la stagnation puis la diminution du chômage, ce qui n'apparaît pas au niveau des Caisses.
Le nombre de visites aux guichets, d'appels téléphoniques (23 millions en 1991, 46 millions en 1998), de lettres, etc., a grimpé en flèche.
Si l'on ajoute à cela l'extrême complexité des règlements (15 000 règles, des centaines de modèles différents de pièces justificatives) et, en guise de bouquet, un nouveau système informatique " Cristal " qui ajoute pour le moment à la pagaille en région parisienne, on comprend que c'est peu de dire que les CAF sont complètement dépassées.
Le drame c'est que bien des usagers, qui sont dans la misère ou à la limite, touchent leurs prestations avec des semaines et parfois des mois de retard. Quand on n'a que cela pour vivre, tout retard est absolument insupportable : comment faire pour payer les loyers, la nourriture, etc. ?
Non seulement le gouvernement devrait relever les minima sociaux, mais en outre il devrait faire en sorte que les gens victimes du chômage et de la précarité - c'est-à-dire victimes du patronat et de la politique gouvernementale - soient servis en temps et en heure, sans être obligés de passer des demi-journées à faire des queues aux guichets, où ils sont souvent perdus dans un fouillis de règlements administratifs que les employés eux-mêmes ont parfois du mal à maîtriser.
Et bien entendu, en plus des allocataires mécontents, les autres victimes sont les agents des CAF confrontés à un travail dément et, surtout au téléphone et aux guichets, à des " clients " de plus en plus irascibles.
Seulement le gouvernement s'en moque. Celui de Jospin comme les précédents de droite. Les pauvres, ce n'est pas son affaire. S'ils attendent, ce n'est pas grave : ils ont le temps, n'est-ce pas !
L'essentiel pour Jospin et Cie c'est que les patrons soient servis rubis sur l'ongle. Ceux qui demandent des millions ou des milliards ne peuvent pas attendre, pour eux c'est du sérieux.
Tandis que les pauvres qui doivent patienter pour toucher quelques centaines ou quelques milliers de francs, eh bien tant pis pour eux, ils finiront bien par se débrouiller !
Voilà comment raisonne, et agit, ce gouvernement, dont on est surpris lorsqu'on se rappelle de temps en temps qu'il se prétend de gauche...