Ce mouvement tient souvent la vedette dans l'actualité brésilienne. C'est en effet lui qui organise dans tout le pays des occupations de terres incultes. Il gère aussi de nombreuses coopératives de production et de consommation et dans les moments de pénurie alimentaire organise le " pillage " de magasins ou de convois de ravitaillement.

Créé en 1984, à la fin des gouvernements militaires, le Mouvement des Sans-Terre a été fortement inspiré par le courant catholique de la " théologie de la libération " et est publiquement soutenu par la Conférence des évêques brésiliens. Il est lié au Parti des Travailleurs de " Lula ", même si, lors de sa dernière campagne présidentielle, celui-ci a voulu prendre ses distances avec lui, le jugeant trop radical.

Ce n'est pas que le MST soit révolutionnaire. Il se dit " socialiste ", comme le PT lui-même, mais son idéal serait la création d'une petite et moyenne paysannerie nombreuse. Il est nationaliste, anti-FMI, mais ne prend pas pour cible la bourgeoisie brésilienne ou le capitalisme en tant que tels.

Le MST se compose d'un noyau d'environ 2 000 militants, compétents et disciplinés, qui encadrent et dirigent les masses de paysans sans terre. Ce sont ces cadres qui, selon une politique coordonnée, choisissent les occupations à effectuer et les organisent. Sachant utiliser les opportunités pour donner le maximum de publicité à leurs actes, ils ont, par exemple, simulé tout récemment l'occupation d'un domaine appartenant à Cardoso, le président de la République, alors en voyage à Cuba. Ce domaine est parfaitement exploité, et n'entre donc pas dans la catégorie des terres expropriables, selon les critères mêmes du MST. Mais cette action d'éclat, qui a provoqué l'intervention de 350 militaires et policiers, a servi à ramener l'attention sur le problème de la terre.

Le MST a aussi organisé de grandes marches " pour la terre " à travers le Brésil, comme celle qui, partie de Rio en juillet, est arrivée le 7 octobre dans la capitale fédérale, Brasilia.