Irak : Le terrorisme des grandes puissances contre le peuple irakien26/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1637.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Le terrorisme des grandes puissances contre le peuple irakien

L'Irak vient de décider d'arrêter toute exportation de pétrole pour protester contre l'attitude du Conseil de sécurité de l'ONU, qui vient de reconduire pour 15 jours seulement, au lieu de 6 mois, l'accord " pétrole contre nourriture " existant maintenant depuis trois ans et qui permet à l'Irak de ne pas être totalement étranglé par l'embargo que les puissances impérialistes lui imposent maintenant depuis neuf ans. Le prix du brut a immédiatement grimpé à quelque 27 dollars le baril à New York.

En effet les grandes puissances, qui ne se sont pas mises d'accord sur les termes des conditions qu'elles s'apprêtent à imposer à l'Irak pour lever l'embargo, se donnent encore 15 jours pour y parvenir. Autant elles sont intéressées au retour de relations commerciales normales avec l'Irak, autant elles ne veulent pas se déjuger ni avoir l'air de passer l'éponge sur l'audace de Saddam Hussein, qui a tenté en 1990 de remettre la main sur ce Koweit qui n'est un Etat indépendant que par la volonté des colonisateurs, en particulier britanniques.

Il s'agirait d'imposer à nouveau à l'Irak la présence d'observateurs de l'ONU, autorisés à pénétrer partout pour vérifier la réalité du désarmement irakien.

Il y a un an, c'est suite au refus de l'Irak de se plier aux exigences desdits observateurs que les USA, suivis de la Grande-Bretagne, s'étaient livrés à des bombardements massifs contre la population irakienne. En quelques jours, du 17 au 19 décembre 1998, plus de bombes et de missiles étaient tombés sur l'Irak que pendant toute la guerre du Golfe, faisant des dizaines de morts dans la population civile.

Le prétexte invoqué à l'époque pour justifier cette agression sauvage, à savoir le danger que l'armement irakien aux mains de Saddam Hussein aurait fait peser sur le monde, était déjà bien ridicule. Mais l'incapacité de l'Irak à se défendre et à riposter aux bombardements américano-britanniques a prouvé, s'il en était besoin, à quel point le potentiel militaire de l'Irak était détruit depuis la guerre du Golfe. Cela a amplement démontré que le danger d'agressions militaires était au contraire tout entier du côté des grandes puissances, qui s'érigent en gendarmes du monde contre les peuples.

Aujourd'hui les gouvernements des grandes puissances s'apprêtent à nous rechanter la même chanson. C'est vraiment le comble de l'hypocrisie, car depuis un an ce sont les militaires américains et britanniques qui continuent à terroriser la population irakienne en opérant des sorties aériennes quotidiennes, en particulier dans les zones d'exclusion aérienne au nord et au sud du pays. Sous prétexte de protéger les populations chiites et kurdes, les grandes puissances ont interdit ces zones à l'aviation irakienne. Mais leur propre aviation, qui prétend frapper des objectifs militaires, lance depuis un an des bombes sur les populations civiles de ces zones. La défense aérienne irakienne est manifestement réduite à des tirs symboliques totalement impuissants.

Le gouvernement irakien dénonce quelque 15 746 survols de son territoire depuis la fin de l'opération " Renard du désert " et affirme que deux cents personnes ont été tuées par des bombardements. Les ONG confirment l'existence de " sanglantes bavures " et, si les chiffres avancés sont exacts, ces bombardements non officiels, dont pratiquement personne ne parle, auraient fait plus de morts depuis un an que n'en firent les bombardements massifs de l'opération " Renard du désert ". Le Monde cite un prêtre de Mossoul, dans le nord du pays, qui témoigne des effets de ces bombardements : " On dirait que les Américains et les Britanniques veulent rendre service au gouvernement. [...] Nous sommes dégoûtés, au pire cela donne plutôt envie de soutenir le pouvoir irakien. [...] Cela fait partie de la vie quotidienne. Cette menace permanente est très éprouvante pour les nerfs ".

Les puissances impérialistes tuent en douce, en silence, avec la complicité des médias occidentaux qui en parlent à peine, et demain ce sont ces assassins-là qui vont sommer l'Irak de prouver qu'il a bien désarmé !

L'arrêt des bombardements et la levée sans conditions de l'embargo contre l'Irak, qui tue chaque mois 5 000 enfants par manque de médicaments et de nourriture, voilà ce qu'il faut exiger des dirigeants des grandes puissances dont l'intervention, en Irak comme ailleurs, est une véritable catastrophe pour la population.

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