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Plan hivernal à Strasbourg : Des calculs à glacer le sang
D'habitude déclenché du 1er novembre au 1er mars, le plan hivernal aura débuté fin novembre à Strasbourg, faute de températures suffisamment basses et de moyens.
Le plan hivernal, c'est l'ensemble des dispositions prévues pour garantir l'accueil des personnes sans abri. Il comprend trois niveaux de vigilance qui déclenchent chacun des mesures supplémentaires pour faire face aux demandes toujours plus nombreuses des personnes à la rue.
Les niveaux sont définis en fonction de la température ressentie. Un accord entre Météo France et l'État permet aux préfectures d'être informées chaque jour non seulement des températures extérieures mais également de cette « température ressentie » qui est fonction de la température de l'air et de la force du vent et traduit la sensation de refroidissement du visage nu exposé au vent. Le niveau 1 est compris entre -5°C et -10°C en température ressentie, le niveau 2 entre -10°C et -18°C et le niveau 3 à partir de -18°C.
Cette année, il est prévu 150 places en niveau 1, uniquement pour les familles, alors que l'an dernier il y avait 200 places pour tous, familles et isolés. Les associations dénoncent un retour en arrière de dix ans, où il y avait 400 places de base pour le plan hivernal.
De plus le niveau 2, de 100 à 220 places selon les années, était déclenché définitivement à partir de -5°C, même si la température remontait, alors que ce ne serait plus le cas. Si les températures remontent, ce sera de nouveau la rue !
En fait, l'État et les collectivités locales veulent engager le moins de frais possible en personnel et locaux pour accueillir les sans-domicile. Du coup, certaines municipalités, comme celle de Strasbourg -- pourtant « socialiste » -- refusent de réquisitionner les logements vides nécessaires à cet hébergement d'urgence et y auraient préféré l'octroi de deux gendarmeries désaffectées devant accueillir la nuit 100 personnes.
Le centre d'urgence 115 estimait à 120 le nombre de demandes non satisfaites de personnes à la rue au 1er novembre à Strasbourg. Un chiffre qui ne prend pas en compte les personnes découragées qui ne s'adressent désormais plus au 115.
Les salariés du secteur social et les organisations syndicales ainsi qu'un collectif de personnes sans abri ont interpellé les autorités pour dénoncer la situation dramatique de l'hébergement d'urgence, avertissant : « On va se mettre à compter les gens qui meurent de froid dehors ».
Le Code de l'action sociale et des familles (article L. 345-2) affirme que « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale, a accès, à tout moment, à un dispositif d'hébergement d'urgence ». Le gouvernement y est indifférent. Les banquiers passent avant les sans-domicile pour toucher les aides publiques.