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Pakistan-Afghanistan : L'OTAN bombarde ses « alliés »
Samedi 26 novembre des avions et des hélicoptères de l'OTAN, en l'occurrence américains, ont bombardé un poste de l'armée régulière pakistanaise, sur le territoire de ce pays, à la frontière avec l'Afghanistan. Sur les quarante soldats du poste, vingt-quatre sont morts et treize blessés, ce qui démontre la triste efficacité et le caractère délibéré de ce bombardement. Rappelons que le Pakistan est l'allié des États-Unis dans la guerre que ceux-ci mènent, aidés de la France, de la Grande-Bretagne et de quelques autres, en Afghanistan.
L'armée et la diplomatie américaines, le président Obama lui-même ont présenté leurs excuses et parlé de « tragique erreur », le terme employé après chacune des nombreuses bavures. Mais cette fois-ci le gouvernement pakistanais refuse de minimiser l'affaire : le chef de l'armée a assisté aux funérailles des soldats, organisées avec toute la pompe militaire et retransmises à la télévision ; le Pakistan a officiellement exigé la fermeture d'une base de drones de la CIA située sur son territoire, a fermé les routes par lesquelles transitent les convois d'approvisionnent des troupes de l'OTAN en Afghanistan et refuse d'assister à une réunion internationale tenue sous l'égide des États-Unis.
Cette réaction de mauvaise humeur de l'état-major pakistanais, pourtant fidèle créature des États-Unis, reflète sans doute la haine qui doit s'accumuler dans la population. Car les dirigeants américains, non contents d'être les soutiens et les commanditaires d'une dictature féroce et corrompue, traitent le Pakistan comme un vulgaire protectorat. Les bases américaines et les consulats sont des États dans l'État. Les drones américains tombent du ciel sur des villages, tuant peut-être des talibans mais à coup sûr des civils. Les officiels américains se promènent en armes dans les rues et, en janvier, un membre de la CIA, se croyant menacé, a assassiné deux passants. L'opération militaire contre Ben Laden, en mai, a été menée comme en territoire ennemi, les autorités pakistanaises étant considérées au mieux comme quantité négligeable. L'assassinat de vingt-quatre soldats vient couronner, mais sans doute pas clore, cette litanie.
L'intervention des armées alliées dans cette région ne fait qu'augmenter les motifs de tension et la plonger un peu plus dans le chaos. Loin d'apporter la démocratie, les armées occidentales sont les fourriers des pires dictatures, voire de guerres civiles sans fin et sans espoir.