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Leur société
Ile de La Réunion : La gauche paye pour sa politique
Le résultat des élections municipales et cantonales s'est traduit à la Réunion par une déconfiture des listes et candidats de la gauche gouvernementale qui perd six communes, dont Saint-Denis, la préfecture, et Saint-Pierre, la principale ville du sud de l'île. Il ne lui reste que cinq communes sur vingt quatre. Elle perd aussi onze conseillers généraux sur les dix-sept qu'elle avait au Conseil général. La droite se retrouve de ce fait à la tête de dix-huit communes et dispose d'une majorité absolue au Conseil général avec trente-huit élus sur quarante-neuf.
Nombre de commentateurs ont expliqué le succès électoral de la droite par l'obstination du Parti Communiste Réunionnais (PCR), d'une partie du PS et de Jospin à vouloir imposer la bi-départementalisation, c'est-à-dire le découpage de l'île en deux départements. Certains y ont ajouté "un manque de politique de proximité" de la part des politiciens de gauche, opposant cette dernière aux mobilisations initiées par les politiciens de droite qui ont réussi à occuper la rue lors des manifestations anti-bi-départementalisation, espérant ainsi canaliser tous les mécontentements.
Mais cela fait-il des politiciens de droite des gens proches des pauvres et des travailleurs ? Certainement pas !
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les Victoria, Virapoullé et consorts ont axé toute leur politique contre la bi-départementalisation, mot d'ordre fourre-tout qui leur permettait d'avancer masqués sans être obligés de décliner leur véritable programme, qui est une gestion en faveur des riches, avec la portion congrue pour les travailleurs. Des mots vides de sens sur la bi-départementalisation et rien sur le financement d'emplois stables qui permettraient de redonner l'espoir aux 120 000 chômeurs de l'île. Que pouvait-on attendre d'autre de la part de la droite dévouée corps et âme à la bourgeoisie ?
Quant à la gauche, que ce soit au gouvernement en France ou au Conseil régional à la Réunion, elle a fait la preuve qu'elle était autant à plat ventre devant les patrons et les riches que la droite. Sa politique a consisté à arroser les patrons à coups de milliards pendant qu'elle prêchait la patience aux travailleurs et aux chômeurs. Dans ces conditions, pourquoi les travailleurs se sentiraient-ils liés à cette gauche-là ?
Bien sûr, ceux qui ont voté par dépit pour la droite ont voté pour leurs ennemis. Mais qui dans la gauche gouvernementale a su proposer une autre politique, a osé défendre la nécessité de mesures d'urgence en faveur de la classe ouvrière et dire qu'il fallait faire payer les riches ? Personne !
Eh bien, c'est toute cette politique que les représentants de la gauche gouvernementale payent aujourd'hui.
Et le PCR, comme le PCF en France, porte vis-à-vis des travailleurs et des pauvres la plus grande responsabilité, lui dont les dirigeants ne cessent depuis des années de leurs demander de faire confiance aux gouvernements dirigés par des socialistes entièrement dévoués à la classe dominante.
Aussi est-il scandaleux d'entendre Paul Vergès, le principal dirigeant du PCR, expliquer que son parti est victime de cette partie de l'électorat "précaire et sans tradition, extrêmement mobile, qui vote dans un sens ou dans l'autre...". A qui la faute, si le PCR n'est plus capable de s'adresser à cet électorat qui fut longtemps le sien et qu'il juge maintenant avec mépris ?
A choisir une politique d'acoquinement avec le Parti Socialiste, voire avec une partie de la droite et la bourgeoisie en général, le PCR en vient à ne plus savoir reconnaître les siens.