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- Lutte ouvrière n°1707
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Dans les entreprises
La grève des transports urbains : La retraite à 55 ans, une revendication justifiée
Lundi 26 mars, une quarantaine de grandes villes étaient paralysées par la grève des travailleurs du transport urbain. Aurillac, Bordeaux, Calais, Cannes, Clermont-Ferrand, Dijon, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nice, Nîmes, Rennes et Strasbourg étaient même paralysées. Dans une douzaine de villes, les assemblées générales de grévistes ont reconduit la grève le lendemain, mardi.
Dans la branche des transports urbains, qui comprend 36 000 salariés, on part actuellement en retraite à 60 ans, et on ne touche une pension à taux plein qu'à condition d'avoir cotisé quarante annnées pleines. Les salariés de ce secteur estiment, eux, qu'il serait légitime qu'ils puissent prendre leur retraite à 55 ans, comme le peuvent certains salariés du secteur privé, étant donné la pénibilité de leur travail.
Et en effet le métier de conducteur de bus, de tram, voire de métro, n'est pas de tout repos : on doit rester au volant toute la journée ou une partie de la nuit, s'adapter à des systèmes d'horaires décalés qui perturbent la vie de famille, travailler souvent le samedi et le dimanche, sans parler des tensions et des risques d'agression.
Jusqu'à présent, le patronat du secteur ne veut pas en entendre parler. Il fait la sourde oreille et le ministre des Transports, Gayssot, du PCF, laisse faire en prétendant que, sinon, il ne serait pas dans son rôle. Ce avec quoi les responsables de la CGT ne sont pas d'accord : "Si accord sur la retraite à 55 ans il y a, il ne peut être que tripartite, UTP-gouvernement-syndicats, car il y aura des financements à mettre en place. On a écrit au ministre des Transports. Mais pour l'instant, pas de réponse."
C'est pourquoi quatre syndicats (CGT, FO, FNCR et CFTC) ont fini par déposer un préavis de grève dans 17 des 19 agglomérations de plus de 250 000 habitants, 19 des 40 agglomérations de 100 000 à 250 000 habitants et dans six villes de moins de 100 000 habitants.
Pour toute réponse, le patronat des transports urbains campe sur ses positions : "Il n'y aura pas de négociations sur une retraite à 55 ans", a répété le porte-parole de l'Union des transports publics (UTP), qui regroupe les plus grosses entreprises du secteur. Une poignée de grands groupes accaparent en effet ce secteur : Via Transport-GTI (filiale du groupe Navigation Mixte), Transcet (filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations), CGEA-CGFTE (filiale de Vivendi, l'ex-Générale des Eaux), Cariane (filiale de la SNCF), et quelques autres de moindre taille.
Les arguments de la branche transport du MEDEF, largement repris par les médias ces jours-ci (mais ceux-ci appartiennent en partie... à Vivendi), sont que la retraite à 55 ans pour les conducteurs de bus et de tramways coûterait cher "à la collectivité". Selon l'UTP, il en coûterait 300 millions de francs par an d'ici à cinq ans et ensuite 400 millions par an.
On ne sait pas ce que valent ces chiffres, mais on peut toujours constater que lorsqu'il s'agit d'opposer un "front du refus" à une revendication légitime des salariés, le patronat se rappelle soudain du "bien commun" et de la "collectivité". Il n'a pourtant aucune gêne, par ailleurs, à empocher les milliards d'aides que lui verse l'Etat. Que celui-ci en soit, par exemple, à envisager de puiser dans les caisses de la Sécurité sociale pour verser au patronat les aides qui doivent accompagner la mise en place des 35 heures ne déclenche pas la même réaction de civisme de la part du patronat. Quand c'est lui qui empoche l'argent, le pillage de la collectivité et du bien commun ne lui fait ni chaud ni froid. L'argent n'a d'odeur que lorsqu'il s'agit d'en verser (le moins possible) aux salariés.
La fin de non-recevoir du patronat de la branche est d'autant plus choquante que les grands groupes du secteur sont connus pour être des entreprises très profitables, dont la plus connue est évidemment Vivendi qui, avec la rente qu'elle tire de son accaparement privé de l'eau, roule littéralement sur l'or.
Alors si les conducteurs des transports urbains parvenaient à faire reculer le patronat des transports, ce serait positif pour tous les salariés. Et cela serait un encouragement à la lutte pour obliger le MEDEF à remballer ses menaces contre la retraite à 60 ans.