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Leur société
Jeux Olympiques : L'union sacrée derrière Paris
C'est avec la fanfare de la garde républicaine que le nouveau maire de Paris, Bertrand Delanoë, ainsi que Claude Bébéar, patron du comité de candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2008, ont accueilli à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle les dix-huit membres de la Commission d'évaluation du Comité International Olympique (CIO) chargé d'examiner sur place les avantages et les inconvénients présentés par Paris.
Un accueil digne de chefs d'Etat donc, où trois des dix-huit membres de la commission ont commencé... par être oubliés avant de prendre le bus qui les emmenait au pavillon de réception. Début en fanfare donc !
Quatre jours de réception et d'examen, pour la modique somme de 3 millions de francs : les dix-huit ont été gâtés. Au menu du repas à l'Hôtel de Ville : filet de Saint-Pierre, suprême de pintade farci poêlé avec pommes rattes au jus de foie gras, fromages, dôme velours à la mousse avec copeaux de chocolat, le tout arrosé d'un Meursault 1992 et d'un Corton 1995. Le régime jockey quoi ! Mais qui permet d'examiner avec sérénité les avantages gastronomiques, sinon sportifs, de la capitale.
Cette opération mobilise tous les sportifs français médaillés de quelque chose qui ont signé une pétition en faveur de Paris (excepté Marie-Jo Perec introuvable...). Elle mobilise les autorités bien sûr, ainsi qu'une partie des médias. Le journal Le Parisien a titré "Tous derrière Paris" et demande à ses lecteurs d'envoyer un bulletin de soutien dont on se demande bien à quoi il pourra servir. Ce journal explique par ailleurs que la réussite des précédents JO en Australie a reposé en grande partie sur la participation et l'aide bénévoles de la population... avis donc aux Parisiens.
La capitale de la France le dispute à quatre autres villes et la décision sera proclamée le 13 juillet. Autant dire que si Paris était retenue, il y aurait des cocoricos en perspective le 14 juillet.
Mais qui est vraiment intéressé à la tenue des Jeux à Paris ? Elle n'aurait pas que des avantages, loin de là, pour la population et la région. L'ensemble des sites olympiques se monte à une vingtaine dans Paris et en banlieue. Il va y avoir des chantiers dans tous les coins, en particulier en Seine-Saint-Denis, non loin du stade de France, pour construire le village olympique. Qui dit travaux dit camions et embouteillages et également grosses dépenses. Combien et qui paiera ? Pour le moment on n'en parle guère. L'ancien ministre des Sports, Alain Calmat, a déclaré : "Le sport de haut niveau est à la croisée des chemins. Soit il tombe dans le secteur marchand et se dénature. Soit on remet l'accent sur les valeurs humanistes. (...) Nous avons toujours mis les valeurs de l'argent au second plan". Delanoë, qui doit son élection au soutien des Verts a parlé, lui, de "réussir des Jeux écologiques".
Cependant pour des Jeux où l'argent est censé passer au second plan, pourquoi avoir choisi comme patron un financier, Claude Bébéar, président d'Axa, et administrateur de plusieurs sociétés ?
Alors qui paiera ? Le dirigeant de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, a commencé à répondre : "La région met quinze milliards de francs". Qui les donnera, ces quinze milliards, sinon les impôts locaux des contribuables franciliens ! En outre de combien seront augmentés les impôts locaux des Parisiens et des habitants de Saint-Denis et d'autres communes qui seront conviées à participer ?
Si on disait à chacun exactement ce qu'il lui en coûtera, l'enthousiasme, à supposer qu'il existe, retomberait vite. Il ne faut pas oublier que bien des villes qui ont accueilli les Jeux Olympiques ont ensuite eu des dettes durant des années et se sont parfois retrouvées avec une partie des installations inutilisées et sans objet.
Ajoutons que, durant la période des Jeux elle-même, la circulation déjà saturée de Paris risque de devenir un enfer... et les prix des activités liées au tourisme et autres augmenteront.
Bien sûr les marchands de béton, les entreprises du BTP, les hôteliers, cafetiers et restaurateurs, les professionnels du tourisme, les commerçants en tout genre, etc. y voient surtout leurs avantages, même s'ils en supporteront eux-aussi quelques inconvénients. Eux peuvent "militer" pour Paris. Mais les autres ? Ils paieront davantage d'impôts et connaîtront des conditions de transports plus difficiles. Tout ça pour voir les Jeux à la télé faute de pouvoir payer le prix des places, que l'on peut prévoir très élevé.