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- Lutte ouvrière n°2443
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Leur société
Impôts : à quelle source veut-on être mangé ?
À l’approche de leur congrès et en vue des échéances électorales, les responsables du PS doivent trouver quelque chose de plus vendeur que le simple soutien à la politique du gouvernement. Pour ce faire, ils remettent sur le métier le débat sur le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. En attendant de diminuer une fois de plus les impôts des capitalistes, les politiciens peuvent toujours débattre de la façon de faire payer les travailleurs.
Avec ce mode de paiement, l’impôt serait pris chaque mois sur le salaire, collecté par l’employeur ou par le banquier. Patrons et banquiers en sauraient ainsi encore un peu plus sur les finances des travailleurs, aussi maigres soient-elles, et sur leur vie privée, leur situation familiale, etc. Les simples contribuables auraient sans doute encore plus de mal à trouver des arrangements avec le fisc en cas de difficulté.
Aucune réforme fiscale ne prévoit, à l’inverse, que les travailleurs et la population puissent connaître les avoirs des capitalistes et des financiers, ni l’usage qu’ils en font, et pas même le montant de l’impôt qu’ils acquittent. Pourtant la question posée est bien celle-là : qui paye l’impôt et à quoi sert-il ?
À la source ou autrement, ce sont les travailleurs qui payent la quasi-totalité de l’impôt. L’impôt sur le revenu, payé par la moitié la moins pauvre de la population, si douloureux soit-il pour les salariés modestes, n’en est qu’une toute petite partie. Les taxes sur la consommation, la TVA, la taxe sur les carburants, etc. constituent 60 % des impôts perçus. Salariés ou chômeurs, retraités ou pensionnés, collégiens ou têtes grises payent un impôt de 5,5, 10 ou 20 % sur chaque dépense. Les grandes entreprises, elles, ne payent en moyenne que 8 % d’impôt sur les bénéfices et récupèrent ou répercutent tout le reste. Car les capitalistes, y compris les petits patrons, peuvent toujours faire payer impôts et taxes par leurs clients en jouant sur les prix, alors que ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre ne peuvent les transférer sur personne.
N’ayant aucun contrôle sur la perception des impôts, la classe travailleuse n’a également aucun droit de regard sur leur utilisation. Elle ne peut que constater le fait que la part de l’argent public consacrée aux besoins sociaux diminue, alors qu’augmente celle dévolue à conforter les profits des capitalistes.
Politiciens, économistes et commentateurs prétendent chercher, de bonne foi ou non, la façon la plus juste de faire payer par les travailleurs les frais de fonctionnement de la société capitaliste, c’est-à-dire de leur propre exploitation.