Irak et Syrie : le chaos s’étend27/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2443.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak et Syrie : le chaos s’étend

Après Ramadi, capitale de la province d’Al-Anbar, région située au nord-ouest de l’Irak et frontalière avec la Syrie, l’organisation État islamique (EI) s’est emparée de Palmyre, en Syrie, le 21 mai, puis a poursuivi sa progression le long de la frontière syrienne. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), l’EI aurait exécuté au moins 217 personnes soupçonnées de soutenir le régime de Bachar al-Assad, dont des civils, depuis qu’il s’est emparé il y a neuf jours d’une partie de la province syrienne de Homs qui inclut Palmyre. Le bilan pourrait cependant être beaucoup plus lourd.

En Syrie comme en Irak, les avancées d’EI ont fait fuir des dizaines de milliers de personnes. Depuis janvier 2014, et surtout depuis leur avancée fulgurante en juin de la même année, l’EI continue sa progression sur un territoire situé à cheval entre la Syrie et l’Irak, base du « califat » que son chef Abou Bakr al-Baghdadi dit vouloir instaurer.

L’impérialisme américain a commencé en août les bombardements aériens, suivi par la France, pour tenter de contrer l’avancée de l’État islamique, en s’appuyant sur l’émotion créée par la barbarie des djihadistes. Mais la déstabilisation de toute la région est la conséquence directe des années d’occupation et de guerres menées en Irak en 1991 et 2003. Comme chaque fois que l’impérialisme intervient pour éteindre les incendies qu’il a allumés, directement ou par puissances locales interposées, il en allume de nouveaux, et en plus grand nombre.

En Irak, pour combattre les milices sunnites de l’EI, l’actuel gouvernement irakien conduit par Haïder al-Abadi n’a pas plus de pouvoir que celui de Nouri al-Maliki qu’il a remplacé sous la pression de l’administration américaine. Il est contraint de faire appel à des milices, en majorité chiites, comme la milice Badr. Celles-ci, tout comme celles de l’EI, ont commis ces derniers mois des exactions dans les zones conquises. Amnesty International a ainsi dénoncé les disparitions, les enlèvements, et les exécutions de prisonniers dont elles se sont rendues responsables. La crainte qu’elles inspirent entraîne aussi des déplacements de dizaines de milliers d’Irakiens, créant des zones sunnites ou chiites même là où la population vivait mélangée, attisant encore des haines entre communautés.

Les puissances locales, telles l’Arabie saoudite, le Qatar ou l’Iran, qui sont en compétition pour le rôle de premier gendarme de l’impérialisme et au travers desquelles les États-Unis cherchent à contrôler la situation, arment et financent nombre de milices chiites ou sunnites en concurrence avec celles de l’État islamique. En Syrie, les États-Unis avaient ainsi laissé l’Arabie saoudite fournir des armes aux milices sunnites, dont celles qui ont formé ensuite l’organisation EI, pour affaiblir le régime de Bachar al-Assad. La progression rapide des combattants d’EI a été le retour de bâton de cette politique.

Pendant que la situation continue de pourrir, les populations sont prises en étau entre les différentes bandes armées djihadistes et les armées impérialistes, et paient d’un prix exorbitant le maintien de la domination impérialiste dans la région.

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