Grèce : Les banquiers seront payés14/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2424.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Les banquiers seront payés

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, vient d'appeler les gouvernants européens à envisager un allègement de la dette grecque. Cela tranche sur les déclarations alarmistes des politiciens, en Grèce et en Europe, prédisant une catastrophe financière en cas de victoire aux élections législatives du 25 janvier de Syriza, la coalition de la gauche radicale, dont le programme comporte la renégociation de la dette.

Du côté des dirigeants européens, la pression est forte pour obtenir que le gouvernement grec reste entre les mains du Premier ministre de droite, Samaras, et de son allié du Pasok, Vénizélos, fidèles courroies de transmission des programmes d'austérité décidés par la Troïka, c'est-à-dire la Banque centrale européenne, l'Union européenne et le FMI. D'où la tendance à dramatiser en présentant Alexis Tsipras, le dirigeant de Syriza, comme un anti-Union européenne à tout crin, ce qu'il ne cesse de démentir. D'où l'inquiétude orchestrée sur une renégociation de cette dette qui, paraît-il, coûterait très cher. Et chaque gouvernement de calculer les milliards qu'elle coûterait à son Trésor, c'est-à-dire à ses contribuables, car aucun n'envisage un instant de faire payer les banques qui se sont enrichies sur la misère de la population grecque.

Du côté des marchés financiers, on souffle bien sûr le chaud et le froid, mais en fait sans trop d'inquiétude. La dette grecque est très majoritairement détenue par les États, soit directement d'État à État, allemand et français en particulier, soit collectivement par l'intermédiaire du Fonds européen de stabilité financière. Selon le journal Les Échos, les banques seraient même sereines. La renégociation n'est pas pour elles une nouveauté. Elles se sont très bien sorties de la restructuration de la dette de mars 2012 : elles n'ont conservé que certains prêts au secteur privé, laissant les investissements risqués, mais parfois très rentables, à des fonds spéculatifs indépendants, ou parfois dépendants d'elles.

Certains de ces financiers, comme les investisseurs du Oppenheimer Funds, cité par le Financial Times, voient même dans les élections, quel qu'en soit le vainqueur, une opportunité car « l'austérité en Europe est contre-productive » et trop de contraintes nuisent à la relance de l'économie. À condition qu'elle ne se fasse pas dans un climat d'instabilité préjudiciable aux affaires, la perspective d'une renégociation n'inquiète pas vraiment le monde de la finance, car il sait que, quoi qu'il arrive, les intérêts de la dette continueront à être payés. Une renégociation ne viserait à rien d'autre qu'à maintenir en vie le débiteur... pour qu'il puisse continuer à payer.

Tels sont les calculs des politiciens et des financiers qui, nuances mises à part, sont fondamentalement d'accord sur la nécessité de faire payer la population. La misère des travailleurs grecs, les 26,8 % de chômeurs, dont 50 % chez les jeunes, le niveau de vie en chute libre, les équipements sanitaires et éducatifs en ruine, tout cela n'entre pas dans leurs préoccupations.

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