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- Lutte ouvrière n°2424
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Dans le monde
Mauritanie : Un régime esclavagiste allié de la France.
En Mauritanie, un homme, Mohamed Cheikh Ould Mohamed, vient d'être condamné à mort pour apostasie, c'est-à-dire pour abandon de la foi musulmane.
Les autorités considèrent en effet comme un blasphème passible de la peine capitale le texte qu'il avait mis en ligne sur Internet pour dénoncer les discriminations dont sont victimes, au nom de l'islam, certaines catégories sociales, dont les descendants d'esclaves. Il avait parlé à ce propos d'« un ordre social inique », hérité des débuts de l'islam. Arrêté il y a un an, il attendait en prison son procès.
150 000 Mauritaniens, soit 4 % de la population, naissent et vivent en esclavage. Ils sont totalement dépendants de leurs maîtres, dont ils gardent les troupeaux dans le désert. Ce sont pour la plupart les descendants des Noirs africains qui peuplaient les rives du fleuve Sénégal avant la conquête maure il y a plusieurs siècles. L'esclavage a officiellement été aboli en 1981, et est même officiellement puni de dix ans de prison. Mais il s'agit là d'une parfaite hypocrisie destinée aux organisations internationales. Dans la réalité, non seulement cette institution moyenâgeuse perdure, mais les seuls qui subissent la répression sont les militants antiesclavagistes. Plusieurs d'entre eux ont été arrêtés en novembre pour avoir organisé une caravane antiesclavagiste dans les villes situées le long du fleuve Sénégal, notamment à Rosso. Le verdict les concernant doit être rendu à la mi-janvier.
La tolérance des autorités mauritaniennes vis-à-vis de l'esclavage n'a rien d'étonnant. Les dirigeants politiques et les hauts gradés de l'armée appartiennent pour la plupart aux familles esclavagistes. Ils ont d'autant moins de raisons de renoncer à cette pratique barbare que les dirigeants des grandes puissances la couvrent. C'est en particulier le cas de la France, dont la Mauritanie est un fidèle allié.
Ce pays abrite une base militaire française de l'opération Barkhane, censée enrayer la progression des groupes armés djihadistes. Le groupe pétrolier Total y a des intérêts. L'actuel dictateur, Mohamed Ould Abdel Aziz, sait défendre les intérêts de l'impérialisme français sous sa casquette d'actuel président de l'Union africaine. Il s'est ainsi déplacé à Ouagadougou pour distiller aux nouveaux maîtres du Burkina Faso les conseils soufflés par Paris après la chute de Compaoré. C'est donc peu dire que l'État français est totalement complice du régime mauritanien et de sa perpétuation de la barbarie esclavagiste.