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Leur société
Chômage : Les « droits rechargeables », une mesure qui masque des reculs
À partir du 1er octobre 2014, les chômeurs indemnisés et qui auront travaillé un minimum de 150 heures, soit l'équivalent d'un mois, verront la durée de leurs droits à indemnisation augmentée. Par exemple un chômeur arrivant en fin de droits mais ayant obtenu, entre deux périodes de chômage, un CDD de trois mois sera indemnisé durant trois nouveaux mois supplémentaires au-delà de ce qui se pratique déjà.
Ce « droit au chômage rechargeable » pourrait toucher nous dit-on 1 million de personnes sur les 2,2 millions de chômeurs indemnisés. Ce petit avantage établi par les syndicats et le patronat dans une convention Unedic de mars dernier ne règle bien sûr en rien le problème du chômage, au moment où la situation s'aggrave. Il y a une augmentation de la durée du chômage pour nombre de demandeurs d'emploi et beaucoup arrivent en fin de droits et ne touchent plus rien. Certains renoncent même par découragement à se présenter à Pôle emploi parce qu'on ne leur propose rien, et ils sont rayés des statistiques, si bien que le nombre véritable des chômeurs est bien supérieur à ce qui ressort des statistiques officielles.
De plus, en contrepartie des « droits rechargeables », des reculs sont inscrits dans cette nouvelle convention. Tout d'abord des salariés licenciés qui touchent des indemnités de départ extra-légales devront attendre désormais 180 jours (soit six mois) pour toucher leurs allocations chômage, au lieu de 75 jours dans l'ancienne convention. Cela ne touchera pas les licenciés économiques, mais les autres sont beaucoup plus nombreux.
Les règles sont aussi modifiées pour les chômeurs proches de la retraite, qui pouvaient dès 61 ans bénéficier du maintien de l'allocation chômage jusqu'à la liquidation de leur pension de retraite à taux plein et qui devront maintenant attendre 62 ans pour percevoir l'allocation. Enfin les inscrits à Pôle emploi depuis le 1er juillet qui percevaient auparavant plus de 2 168 euros de salaire brut perdront quelques euros d'allocations chaque mois. Et il y a aussi bien sûr le durcissement des règles d'indemnisation des intermittents du spectacle.
Tout cela fait que l'ensemble des mesures prises va permettre à l'Unedic de faire 1,9 milliard d'euros d'économies d'ici la fin 2016.
Tous ceux qui présentent les « droits rechargeables » comme une avancée pour les chômeurs oublient que ce qui est un progrès pour certains sert à cacher ce qui est un recul pour d'autres.