Brésil : Vers un second tour sans enjeu08/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2410.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : Vers un second tour sans enjeu

Le premier tour de l'élection présidentielle brésilienne le 5 octobre a été marqué par une surprise. À la veille du vote, les sondages en faveur de Marina Silva, l'écolo-évangéliste censée menacer la présidente sortante, se sont écroulés. Finalement elle n'a obtenu que 21 % des suffrages (à peine plus qu'en 2010), contre 42 % à la présidente sortante Dilma Rousseff, candidate du PT (Parti des travailleurs), et 34 % au candidat de la droite, Aécio Neves. Il n'y aura pas, sur ce terrain, le « renouveau » que Marina Silva disait incarner, et le second tour sera le duel gauche-droite habituel depuis 1990.

Marina Silva prétendait à la fois ne rien changer de ce qui fonctionnait, cadeaux aux riches ou aides aux pauvres, et tout rénover. Cela a permis aux puissants appareils électoraux des partis de la présenter comme une démagogue et une girouette. La gauche l'accusait en plus de vouloir mettre fin aux programmes sociaux, la droite de mettre en danger l'économie. Désormais, les deux camps tâchent de récupérer le plus grand nombre possible de ses électeurs.

Le programme des deux candidats restant en lice consiste en fait à continuer la politique menée par Lula puis Dilma Roussef. Elle consiste en cadeaux pour les entreprises et les capitalistes, et en programmes d'aides aux plus pauvres. Le candidat du parti de droite PSDB (Parti de la social-démocratie brésilienne), Aécio Neves, est un héritier, petit-fils du président Tancredo Neves, mort en 1985 avant d'entrer en fonctions. Député, gouverneur puis sénateur de l'État du Minas Gerais, et protégé de l'ancien président Cardoso (1995-2002), ce rejeton de l'élite brésilienne pourrait tout à fait maintenir le programme Bolsa familia, qui accorde quelques dizaines d'euros à 14 millions de familles très pauvres : cela ne coûte à l'État que 330 millions d'euros. Une bagatelle, à côté des dizaines de milliards qui arrosent l'agrobusiness, l'automobile, le BTP, etc.

Ces deux candidats ont certes un électorat différent. 40 % des votes de Dilma Rousseff proviennent du Nordeste misérable, où quelques euros font la différence entre survivre et mourir de faim. Neves, lui, a trouvé 30 % de son électorat dans le riche État de Sao Paulo. Neves va accuser le bilan économique de la présidente sortante, tandis que celle-ci va demander aux Brésiliens de ne pas permettre le « retour des fantômes », version brésilienne de « Au secours, la droite revient ! » Mais la politique que Neves propose n'est en fait pas différente de celle menée par Dilma Rousseff depuis 2011, ou par Lula avant elle : une politique au service des riches, des industriels, des grands propriétaires et exploitants agricoles, des banquiers et spéculateurs brésiliens et impérialistes.

Vincent GELAS

Peu de voix se sont fait entendre en dehors des trois « grands » candidats. La candidate du PSOL (le Parti du socialisme et de la liberté), qui a centré sa campagne sur la corruption des partis, a réuni près de 1,6 million de voix, 1,5 %. Quant au métallurgiste Zé Maria, candidat du PSTU trotskyste, qui a dénoncé le système au nom de la classe ouvrière, il a obtenu 91 000 voix, soit 0,09 %.

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