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Fonds vautours : Le capitalisme en putréfaction attire les charognards
Les dirigeants argentins cherchent maintenant le moyen d'échapper à cette échéance, qui se traduirait par un remboursement de 1,3 milliard d'euros dans un premier temps, mais pourrait atteindre 15 milliards si le règlement s'étendait à l'ensemble des créanciers (7 %) qui ont refusé de réduire le montant de cette dette, voire 100 milliards si les créanciers ayant accepté d'en réduire le montant (93 %) se ravisaient et demandaient le même traitement.
Les fonds vautours sont le fer de lance des fonds spéculatifs, les hedges funds. Ils sont apparus dans les années 1990 aux États-Unis. Les deux qui viennent de coincer l'Argentine s'appellent NML Capital et Aurelius Management. D'autres se sont fait connaître en s'attaquant à des États africains et, plus récemment, à la Grèce et à l'Espagne.
Ces fonds sont le plus souvent américains ou britanniques, et basés dans des paradis fiscaux. On en trouve une vingtaine dans l'État du Delaware, au coeur des États-Unis. D'autres sont aux îles Caïmans ou aux îles Vierges. Des grandes banques, Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan, City Bank, leur ont emboîté le pas.
Racheter à bas prix la dette des pays pauvres, ou d'une entreprise en difficulté, et les attaquer ensuite en justice pour les obliger à rembourser, voilà leur méthode. L'objectif est, bien sûr, de réaliser une plus-value lors de la restructuration de la dette ou, mieux encore, en refusant cette restructuration et en obtenant par voie judiciaire le remboursement de leur créance à une valeur proche de sa valeur initiale avec, en plus, les intérêts et les pénalités de retard.
Lorsque les pays refusent de payer, les vautours cherchent à saisir leurs actifs à l'étranger. Ainsi FG Hémisphère a obtenu en 2008 le droit de saisir, pendant quinze ans, les recettes de la République démocratique du Congo sur la vente d'électricité à l'Afrique du Sud.
Et, dès que les fonds vautours constatent que des programmes d'aides améliorent la trésorerie de certains pays pauvres, ils interviennent pour se faire payer leurs créances.
Pour ces spéculateurs, des crises comme celles qui ont frappé la Grèce ou l'Espagne ont représenté une aubaine. En Espagne, Elliott Management a récupéré un milliard d'euros de Bankia et 300 millions de la banque Santander. L'achat initial de ces dettes lui avait coûté seulement 50 millions. Quand la Grèce a remboursé 436 millions d'euros de ses dettes soumises au droit étranger, Dart Management aurait récupéré 90 % de ce total.
Des lois simples pourraient ruiner l'action des fonds vautours. La Belgique en a promulgué une pour les empêcher de s'emparer de ses aides à destination des pays pauvres. Mais, le plus souvent, experts et gouvernants en parlent mais ne font rien, tout comme lorsqu'ils ont prétendu en finir avec les paradis fiscaux.
On voit mal en effet comment l'État américain pourrait ruiner les prospères activités d'un Paul Singer, propriétaire d'Elliott et de NML, mais aussi très gros donateur du Parti républicain et du Tea Party.