Irak : Un peuple saigné par l'impérialisme08/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2410.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Un peuple saigné par l'impérialisme

Les grandes puissances invoquent les exactions de ceux qui se proclament « l'État islamique » pour justifier la nouvelle guerre qu'elles viennent d'entamer au Moyen-Orient. Mais, ces vingt-cinq dernières années, c'est en invoquant d'autres prétextes qu'elles ont déjà mené deux guerres contre l'Irak, en 1991 et en 2003, qui se sont soldées par un appauvrissement dramatique du pays et la constitution de milices réactionnaires.

En quatre jours, entre le 24 et le 28 février 1991, une armée de 700 000 hommes écrasa l'Irak sous les bombes, entraînant une hécatombe dans l'armée irakienne et dans la population civile : sans doute 150 à 200 000 morts sur 17 millions d'habitants, contre une centaine du côté de la coalition de 37 pays autour des États-Unis, allant de la France de Mitterrand à l'Arabie saoudite. C'est à ce prix que l'Irak fut chassé du Koweït, une petite principauté monarchique hérissée de puits de pétrole qu'il occupait depuis six mois ! L'impérialisme n'avait pas mené une opération d'une telle envergure depuis les déboires que lui avait occasionnés la guerre du Vietnam.

La guerre de 1991

Baptisée Tempête du désert, cette agression marqua un revirement de la politique des États-Unis qui, depuis le début des années 1980, s'étaient appuyés sur la dictature de Saddam Hussein en Irak pour affaiblir le pays voisin, l'Iran, dont le régime des ayatollahs était récalcitrant à se placer sous leur contrôle. Avec l'aide de ses fournisseurs d'armes, américains et français notamment, l'Irak avait mené contre l'Iran, de 1980 à 1988, une guerre dont il était sorti vainqueur mais meurtri et affaibli économiquement.

Saddam Hussein avait cru pouvoir se payer du service rendu en annexant les champs pétroliers du Koweït. Mais l'impérialisme s'opposa à un geste susceptible d'apparaître, aux yeux des peuples du Moyen-Orient, comme un acte de désobéissance aux compagnies pétrolières occidentales et comme un coin enfoncé dans la politique décidée par l'impérialisme. Saddam Hussein fut traité de « nouvel Hitler ». Cependant, il ne fut pas renversé lors de cette première invasion occidentale, car visiblement les États-Unis le considéraient encore comme utile pour maintenir l'ordre contre sa population, kurdes au nord et chiites au sud, qui le contestaient.

Puis vinrent dix années pendant lesquelles l'Irak dut faire face à un strict embargo, alors que tout était à reconstruire. La pénurie d'eau, de nourriture, d'électricité et l'effondrement du système de santé entraînèrent la mort d'un demi-million d'enfants irakiens.

Même quand l'Irak fut autorisé à recevoir un peu de nourriture en échange de pétrole, le mieux-être qui s'en suivit ne dépassa pas le niveau de la survie, d'autant que l'ONU prélevait sur l'Irak une commission pour frais de gestion et réparation de dommages de guerre pouvant aller jusqu'à 30 % du montant des exportations pétrolières !

Du renversement de Saddam Hussein au chaos du terrorisme

Non seulement l'impérialisme ne relâcha pas son emprise, mais il prépara une nouvelle attaque. L'ambiance créée par les attentats du 11 septembre 2001 fut propice à obtenir le soutien d'une partie de la population américaine. Cependant, les auteurs de l'attentat n'avaient de toute évidence pas de liens avec le régime irakien. Aussi le président des États-Unis, Bush (le fils), inventa-t-il de toutes pièces une présence d'armes de destruction massive et de commandos d'al-Qaida en Irak. Il s'agissait de justifier le déclenchement d'une nouvelle guerre, le 20 mars 2003, sous la pression directe des compagnies, avides de s'approprier directement les ressources pétrolières irakiennes.

Un mois plus tard, le régime de Saddam Hussein était renversé. L'administrateur américain qui le remplaça, Paul Bremer, commença par dissoudre complètement l'administration et l'armée. Des milices, sur une base ethnique ou religieuse, prirent le relais, parmi lesquelles celle, sunnite, qui allait choisir de s'appeler l'État islamique. Le gouvernement mis en place par les autorités d'occupation américaines, fut, lui aussi, composé sur des bases religieuses, mais à prédominance chiite.

Durant les huit ans que dura l'occupation américaine, les nouvelles autorités ne parvinrent pas à s'imposer, malgré l'usage de la répression, comme à Falloujah en 2004, où l'armée américaine massacra la population sunnite insurgée. L'effondrement des infrastructures du pays offrit un terrain favorable aux milices intégristes, sunnites ou chiites, pour recruter dans une jeunesse privée d'espoir.

En voyant à quelle horreur sont voués les otages occidentaux d'al-Qaida ou de l'État islamique, on peut se représenter l'insécurité quotidienne et la détresse dans laquelle la population irakienne tente de survivre, chez elle ou dans des camps de réfugiés, après les deux guerres de brigandage menées contre elle par l'impérialisme. La troisième guerre qui commence, celle d'Obama et de Hollande, ajoute l'horreur à l'horreur des deux premières interventions.

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