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- Lutte ouvrière n°2235
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Editorial
Pour se protéger contre les hausses de prix : Échelle mobile des salaires et des pensions
« On va demander des explications aux industriels du secteur pétrolier », vient de déclarer Christine Lagarde, la ministre de l'Économie. Elle a été questionnée sur le fait que les trusts pétroliers ne répercutent pas à la pompe la baisse de prix du pétrole sur le marché mondial. « Si nous ne recevons pas des explications (...), nous prendrons des mesures ». Les trusts du pétrole doivent trembler devant d'aussi fortes menaces !
La ministre de l'Économie sait que les prix de l'essence et du gazole sont d'autant plus insupportables que les grands trusts du pétrole roulent sur l'or et que Total est le champion toutes catégories du profit en France.
Le décalage entre la baisse du prix mondial du pétrole et la baisse dérisoire à la pompe est flagrant. Mais ce n'est pas le haussement de sourcil de la ministre qui impressionnera les trusts du pétrole et les empêchera de continuer à voler les usagers. Les prix élevés de l'essence et du gazole qui enrichissent les trusts arrangent bien aussi les affaires de l'État, puisque les taxes encaissées sont liées aux prix. Ils n'ont pas à s'affoler, là-haut, ni les pétroliers, ni les ministres. Et ce n'est pas leur problème si les salariés aux bas salaires, les chômeurs, les retraités sont obligés de se passer de voiture, quand ils le peuvent, et de limiter en tout cas leurs déplacements. C'est la même Lagarde qui a déjà eu la riche idée de leur conseiller le vélo...
L'impuissance de l'État face aux trusts du pétrole saute aux yeux. Mais il en est de même pour tous les prix, qui se mettent à augmenter de plus en plus fort. Toutes les familles ouvrières le ressentent dans leur budget. Augmentent l'électricité, le gaz, augmentent les loyers, augmentent les prix des produits indispensables.
Pour l'augmentation des prix dans les rayons des supermarchés, les capitalistes de l'industrie et ceux des chaînes commerciales se rejettent la responsabilité. Pour démêler le vrai du faux dans le tissu de mensonges de part et d'autre, il faudrait que la population, que les consommateurs puissent contrôler la façon dont ces prix sont établis. Il faudrait qu'avec l'aide des travailleurs des entreprises de production et de ceux des transports et de la grande distribution, la population puisse vérifier les marges des uns et des autres, leurs bénéfices. À défaut d'un tel contrôle, la formation des prix, c'est la jungle, la loi du plus fort.
Alors que les prix de la viande, des légumes ou des fruits augmentent sur les étals des supermarchés, à l'autre bout, éleveurs et agriculteurs se plaignent de la stagnation, voire de la régression des prix à la production. Résultat du fonctionnement ordinaire des mécanismes de l'économie capitaliste : d'un côté, les hausses de prix écrasent le pouvoir d'achat des salariés, de l'autre, est également écrasé le pouvoir d'achat des petits paysans et des petits producteurs. Des deux côtés, ceux qui vivent de leur travail trinquent.
Les propriétaires et actionnaires des grandes chaînes commerciales ont, en revanche, de quoi se réjouir. Plusieurs d'entre eux se sont hissés parmi les plus grandes fortunes du pays.
On nous dit souvent que les prix se forment sur le marché mondial et qu'on n'y peut rien. L'exemple des pétroliers montre cependant que les mêmes grands trusts qui répercutent, et souvent au-delà, les hausses de prix mondiaux, savent ne pas répercuter les baisses. Les hausses de prix sont souvent provoquées et en tout cas amplifiées par des opérations financières. On achète des matières premières, non pour l'usage auquel elles servent, mais pour les vendre plus cher. Et lorsque ces matières premières sont aussi indispensables pour se nourrir que le blé ou le riz, ou pour se vêtir que le coton, les conséquences en sont catastrophiques pour des millions d'êtres humains. Tout ce qu'on peut en conclure, c'est que le fonctionnement de l'économie capitaliste est aussi débile qu'injuste et que l'intérêt de la société est d'y mettre fin.
En attendant, il faut que les salariés se défendent. Il est inacceptable que les salaires et les pensions restent bloqués alors que les prix augmentent. Pour empêcher la dégringolade du pouvoir d'achat, il faut imposer l'indexation des salaires et des pensions sur les hausses de prix : l'échelle mobile des salaires et des pensions.
Cet objectif doit rejoindre celui de l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire, seul moyen de se protéger contre le chômage. Il faudra des luttes puissantes pour imposer ces deux objectifs. Mais ne nous en laissons pas détourner, il y va de notre vie !
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 30 mai