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- Lutte ouvrière n°2235
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Leur société
Guéant : Bête et méchant
Le ministre de l'Intérieur poursuit son festival de propos dont la xénophobie rivalise avec la mauvaise foi. Il a ainsi déclaré le 22 mai que « les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés », ajoutant que « les deux tiers des enfants d'immigrés sortent de l'appareil scolaire sans diplôme ».
Outre que ces chiffres sont hautement fantaisistes, - un enfant d'immigrés sur dix sort du système scolaire sans diplôme, et non sept sur dix comme l'affirme Guéant - ils montrent l'ignorance, disons plutôt le peu de sérieux de ce ministre.
L'échec scolaire touche, et c'est vrai depuis Jules Ferry, surtout les milieux les plus défavorisés. L'école ne fait que reproduire les inégalités. Bien d'avantage que l'origine nationale ou les facteurs culturels, c'est souvent le statut social des parents qui détermine les difficultés ou les facultés scolaires des enfants. Le pourcentage de fils d'ouvriers, qu'ils soient français ou immigrés, qui font de longues études a tendance à baisser avec la crise. Ce qui est par contre avéré, c'est que la plupart des immigrés en France ont des emplois peu qualifiés. Selon les chiffres que relève le rapport du Haut conseil à l'intégration (HCI), chiffres que se garde bien de citer Claude Guéant, parmi les immigrés « plus des deux tiers appartiennent à une famille ouvrière et employée contre moins d'un tiers pour les non-immigrés. Les parents sont moins souvent diplômés : plus de 58 % ont un père non diplômé et 62 % une mère non diplômée, contre 12 % et 14 % des non-immigrés. » Et cela n'a rien d'étonnant, ceux qui quittent leur pays le font souvent poussés par la pauvreté, voire la famine, et n'occupent que les emplois qu'on veut bien leur laisser.
En revanche, à niveau social égal, les enfants d'immigrés et en particulier les filles ont tendance à mieux réussir à l'école et à obtenir plus facilement leur bac. Le rapport donne une explication simple à ce phénomène : « Les ambitions scolaires des parents immigrés sont en effet plus fortes que celles des parents non-immigrés. »
On pourrait recommander à Guéant de retourner à l'école pour apprendre à lire les rapports qu'on lui soumet, mais cela ne servirait en fait à rien. Ce n'est pas à l'école qu'on apprend à manier la mauvaise foi.