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- Lutte ouvrière n°1906
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Leur société
Le bassin creillois sur France 2 : Volontairement ignorés, les auteurs du désastre social sont bien connus !
France 2 a présenté lundi 7 février le dernier des quatre films ayant pour sujet «la violence ordinaire» dans l'agglomération de Creil, dans l'Oise. Ces films étaient consacrés à la détérioration économique, humaine et sociale de la Commanderie à Nogent-sur-Oise, cité la plus touchée de l'agglomération.
Il faisait le parallèle direct entre cette situation et la ruine qui a touché cette cité ouvrière. Mais, si l'on citait la fermeture des usines alentour, Péchiney, Chausson-Creil, en parlant au passage de la sidérurgie, ces fermetures ressemblaient à une sorte de fatalité. Or le désastre économique qu'a connu, à l'image de bien d'autres, ce bassin ouvrier n'avait rien de fatal. On en connaît les responsables.
Péchiney et Saint-Gobain, qui ont commencé la série des fermetures et licenciements de masse, ne virent pas dans les nationalisations qui suivirent l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 une catastrophe. Leurs actionnaires, qui avaient amassé des milliards sur le dos de leurs salariés, purent aller investir leurs profits ailleurs, en laissant au passage l'essentiel de la charge financière de ces licenciements à l'État. Il y eut ensuite la fermeture de Chausson, filiale commune de Renault et Peugeot. Les PDG respectifs de ces entreprises, Calvet et Schweitzer, organisèrent le pillage de Chausson, supprimant 5000 emplois, récupérant plus d'un milliard de francs au travers de la fermeture et laissant comme d'habitude à l'État la charge des frais de l'opération. De même, des réductions d'effectifs eurent lieu presque en continu chez Sollac, devenu Arcelor, dirigé par Francis Mer, futur ministre de Raffarin.
Aujourd'hui, ce sont encore les plus grands patrons du pays qui continuent à licencier dans la région, en même temps qu'ils annoncent des profits en explosion. C'est Bolloré chez Vallourec, leader mondial de sa spécialité, les tubes d'acier, dont l'usine de Laigneville vient de fermer. C'est Arcelor, lui aussi numéro un mondial dans la sidérurgie, qui a annoncé plus de 400 licenciements à Montataire, en même temps qu'il fait travailler d'autres salariés jusqu'à 64 ans. Heidelberg et Goss, leaders mondiaux des machines d'imprimerie, ont licencié plus de 300 personnes sur leurs 850 salariés à Montataire.
Non seulement les gouvernements n'ont mis aucune entrave à ces patrons licencieurs, mais ils se sont mis à leur service et ont tout fait pour leur faciliter la tâche.
Quant aux élus locaux, de la gauche à la droite, ils se sont eux aussi rendus complices de cet attentat économique et social contre les populations, par solidarité avec leurs amis au gouvernement ou par soumission au patronat, ou les deux. Ils se sont préoccupés d'abord du sort des «entreprises», c'est-à-dire de leurs actionnaires, laissant à l'abandon tous les quartiers ouvriers, favorisant les centres-ville et la petite minorité des mieux lotis, en n'hésitant pas à augmenter les loyers des logements populaires.
Ce mal-là, cette «violence ordinaire», insupportable, il serait possible d'y mettre un terme, très vite, sans l'aide de psychologues, de juges, de policiers et de notables, en interdisant à ces grands groupes industriels de licencier, en allant mettre le nez dans leurs comptes et en les obligeant à payer.