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Leur société
Plus de cinquante morts dans la tempête : Une chaîne d'irresponsabilités
La tempête qui a traversé le pays dans la nuit du 27 au 28 février a tué plus de cinquante personnes. Les victimes ont souvent été des personnes âgées, surprises par l'inondation et noyées dans leur lit, et les plus gros dégâts sont recensés dans deux communes de bord de mer, en Vendée.
Sarkozy a immédiatement visité les lieux, assuré les sinistrés de sa solidarité et déclaré qu'un tel drame était « inacceptable et incompréhensible ». Inacceptable certes, mais certainement pas incompréhensible, d'autant plus qu'il était non seulement prévisible, mais même prévu. D'une part, les services de Météo France avaient placé la région en alerte rouge et averti que le niveau de la mer allait monter au point que les eaux risquaient d'envahir les terres. D'autre part, certaines des zones les plus touchées étaient depuis plusieurs années repérées par les spécialistes de l'Équipement.
Il s'agit en effet de lotissements construits en zone inondable, sur des terrains gagnés sur la mer, protégés par des digues, qui ont cédé, et bordés par une rivière, qui a gonflé à cause d'une forte marée et de vents violents. La mer est entrée sur les terres par-dessus les digues et en remontant la rivière, un risque que la DDE avait signalé aux autorités compétentes, du préfet aux maires des communes, en passant par le Conseil général.
Les municipalités concernées, et des dizaines d'autres, autorisent ces lotissements inondables parce qu'elles ont besoin d'activité et de nouveaux résidents pour survivre. Faute de moyens et de réel plan d'aménagement du territoire, elles n'ont pas beaucoup d'autres choix que de vendre leur soleil à de modestes retraités, en asséchant, plus ou moins, leurs marécages. Les promoteurs immobiliers et les banquiers qui les financent parient que tous les logements seront vendus avant la prochaine tempête et savent que les huissiers sauront faire payer les acheteurs, même pour des pavillons inondés. Les entreprises du bâtiment, petites ou grosses, construisent les maisons sans se préoccuper d'autre chose que d'être payées. Les entreprises de travaux publics élèvent ou entretiennent les digues suivant les plans et les crédits que les pouvoirs publics leur fournissent. Là encore, seul l'argent compte. L'État donne les autorisations nécessaires ou tarde à faire appliquer ses propres règlements en matière d'urbanisme, car « l'impératif économique » prime.
En fait, l'État ne veut ni ne peut aménager le territoire autrement que sous la pression de la recherche irresponsable du profit individuel. C'est de cela que sont morts en définitive les victimes de cette tempête.