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- Lutte ouvrière n°2170
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La direction de la CGT et Total : Les travailleurs de Dunkerque lâchés pour quelques tables rondes avec les patrons
Dès le mardi 23 février, à l'issue de la négociation avec la direction de Total et avant même le vote des grévistes, la direction des syndicats CGT du groupe Total annonçait sa décision de « suspendre » le mouvement déclenché dans l'ensemble des raffineries. Mais qu'est-il donc sorti de ces négociations de si positif, justifiant une décision aussi rapide ?
Un tract signé par la coordination des syndicats CGT du groupe Total tente de l'expliquer, répétant le mot « obtenu » en caractère gras dix fois sur les deux pages.
On trouve ainsi, dans les soi-disant avancées, la promesse faite par la direction de Total d'un « plan d'investissement sur cinq ans pour l'ensemble des raffineries, présenté et discuté avec les représentants du personnel ». Mais quel plan et quel engagement ? Dans combien d'entreprises ce genre de plan d'investissement a précédé un plan de licenciements ?
On peut relever aussi, dans cette longue liste de ce qui a été « obtenu » par la CGT : « une table ronde sous la présidence de Monsieur le préfet de la région avec l'ensemble des acteurs économiques, sociaux, politiques et syndicaux du bassin dunkerquois », « une table ronde nationale avec le ministère de l'Industrie, l'UFIP, les organisations syndicales, sur l'avenir du raffinage et ses enjeux pour la France et nos emplois », « un comité européen, avec la possibilité de désigner une expertise portant sur l'ensemble du raffinage européen ».
Et comme ce texte ne pouvait pas ne pas parler des travailleurs de la raffinerie de Dunkerque, il proclamait fièrement que Total s'était engagé « à ce que toutes les options, y compris celle de la poursuite de l'activité de raffinage à Dunkerque, soient abordées ». Un engagement de Total qui ne l'engageait en fait à rien, mais qui était lui aussi suivi d'un « obtenu » triomphant.
Autrement dit, il n'a été question que des réunions autour d'une table avec la direction de Total sur la politique que les patrons entendent mener. La direction de la CGT entend faire passer pour une victoire le fait qu'elle puisse discuter avec les patrons, qui feront évidemment ce qu'ils veulent, de leur « stratégie industrielle ».
Et c'est pour cela que les dirigeants syndicaux ont laissé seuls les travailleurs de la raffinerie de Dunkerque face aux patrons de Total. Au moment où le mouvement solidaire des raffineries du groupe montrait qu'il aurait peut-être été possible d'imposer la garantie de l'emploi et du salaire pour l'ensemble des travailleurs.