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- Lutte ouvrière n°2405
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Leur société
35 heures : La durée légale du travail vidée de son sens
Harlem Désir a surenchéri en affirmant : « Il n'y a aucun projet de cette nature », ajoutant : « Il y a en revanche une volonté de développer la négociation sociale dans les entreprises - la négociation sur la défense de l'emploi, sur l'aménagement du temps de travail, sur les seuils sociaux - mais pas de remettre en cause la durée légale du travail. » Il semble donc y avoir unanimité pour affirmer qu'il n'y a nul besoin de toucher au symbole, mais qu'il faut continuer à vider de son sens cette durée légale du travail.
Les lois Aubry sur les 35 heures, votées en 1998 et en 2000, avaient été en fait une véritable aubaine pour le monde patronal : en échange de la diminution de l'horaire légal de travail de 39 heures à 35 heures par semaine, nouveau seuil de déclenchement des heures supplémentaires, le gouvernement Jospin avait offert aux entreprises un gros gâteau financier, avec en prime un accroissement de la flexibilité. Une diminution des cotisations sociales sur les bas salaires avait été accordée, puis pérennisée. Aujourd'hui, le montant de cette exonération dépasserait les 20 milliards annuels.
Selon les entreprises, les conséquences pour les salariés ont été diverses. Des catégories de salariés ont pu bénéficier d'une baisse réelle de leur horaire, ou de la création de RTT. Mais tous ont vu l'intensité et la flexibilité au travail augmenter. Car la contrepartie demandée aux patrons, mais jamais exigée, la création d'emplois, n'est apparue qu'au compte-gouttes, sans que personne puisse démêler ce qui venait de la loi ou pas.
Depuis, d'autres lois sont venues assouplir les 35 heures : facilités pour le recours aux heures supplémentaires, revue à la baisse des majorations pour ces heures, etc. Résultat, l'horaire réel des salariés à temps complet en France aurait été de 39,4 heures par semaine en 2012, selon l'Insee, et serait même de 40,5 heures début 2014, selon Eurostat.
La droite n'a pas eu l'exclusivité de ces assouplissements. Hollande, avec la loi de 2013 a permis aux entreprises se disant confrontées à de graves difficultés de baisser les salaires (au-delà de 1,2 smic) et d'augmenter, le temps de travail sans augmentation de salaire.
La volonté patronale de réduire ainsi les salaires, est toujours affirmée. Mais en outre il y a l'exigence d'imposer des accords entreprise par entreprise, toujours plus rétrogrades, rejetant les lois sociales au rang d'archives historiques... que l'on peut bien conserver si elles sont sans conséquences.