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- Lutte ouvrière n°2382
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Dans les entreprises
STX, Saint-Nazaire : Après les nouvelles commandes de paquebots
Chacun y est allé de son trophée : 3 milliards d'euros de commande pour STX si les navires sont confirmés, 16 millions d'heures de travail à annoncer pour le gouvernement, qui ne veut pas manquer une occasion, car elles sont rares, de tenter de faire croire qu'il lutte pour l'emploi.
Mais en plus de cette annonce, le patronat et le gouvernement avaient un autre message à faire passer. La signature de ce contrat commercial, et c'est une première, s'est faite en présence de dirigeants nationaux des fédérations syndicales de la CFDT et de la CFE-CGC. Tous ont ensuite paraphé un Pacte social de compétitivité. Une mise en scène préparée de longue date pour tenter de faire croire aux travailleurs, bien au-delà des chantiers navals, qu'en acceptant des sacrifices, on peut espérer conserver son emploi en aidant son patron à décrocher des commandes.
À Saint-Nazaire, les grèves et les débrayages des travailleurs de la navale, qui se sont étalés sur des mois, ont poussé la direction à édulcorer son projet initial de hausse non rémunérée du temps de travail. Mais elle a, malgré tout, trouvé des syndicats pour signer un accord gelant sept jours de congés chaque année pendant trois ans et supprimant quelques primes.
Mais contrairement à ce que voudrait faire croire la direction, elle n'a pas eu besoin de cet accord pour signer une telle commande. Les économies escomptées par l'accord de compétitivité aux chantiers navals ne vont pas excéder 1 % du prix de la commande MSC. Ce chiffre, avancé par la direction, n'est d'ailleurs rien par rapport à ce que gagnent le constructeur, les différents fournisseurs et les banques qui avancent l'argent à un taux très avantageux pour elles. Mais tous ceux-là considèrent que c'est aux travailleurs de faire des sacrifices.
Le vrai résultat de tels accords est qu'il supprime des emplois en augmentant le temps travaillé pour chaque salarié. Aux Chantiers, cet accord supprime l'équivalent de 100 emplois. Et les gains de ces accords vont grossir les comptes des actionnaires des chantiers, des banques et des armateurs sous le regard bienveillant du gouvernement et même avec sa complicité active.
L'annonce de cette nouvelle commande a d'ailleurs été accueillie plus fraîchement que d'habitude par les travailleurs des chantiers navals. Avec un paquebot actuellement en construction, la plupart des services sont déjà totalement saturés, et tout le monde se demande avec quels moyens les nouveaux navires pourront être conçus et construits. L'effectif est en effet au plus bas et les embauches se font au compte-gouttes quasi exclusivement sur des postes de cadres dont on se demande bien... qui ils vont finir par encadrer. Quant aux travailleurs sous-traitants, beaucoup sont inquiets et craignent de faire les frais d'une concurrence sociale violente organisée par la direction des chantiers. Elle fait travailler côte à côte des ouvriers aux horaires et aux niveaux de salaires très différents, pour conserver en général ceux qui lui coûtent le moins cher : les travailleurs « détachés ». Ceux-ci, qui viennent très souvent de l'est de l'Europe, ont l'avantage légal pour le patron de lui coûter des cotisations sociales bien plus faibles que celles d'ici. Ils ont aussi l'avantage moins avoué d'être taillables et corvéables à merci, avec peu de possibilités de protester quand les normes locales sont allègrement piétinées, en ce qui concerne, par exemple, la durée de la journée de travail.
Le fait qu'il puisse y avoir, pour une période non négligeable, une charge de travail qui mette un terme au chômage partiel ou total que connaissent les travailleurs de la navale a au moins un aspect positif : elle met les salariés en meilleure situation pour faire entendre leurs revendications, dont notamment l'embauche en CDI des intérimaires et sous-traitants. De même que celle d'avoir sur le chantier un même statut, en termes de salaire et de conditions de travail, quelle que soit l'origine des travailleurs concernés.