Grèce : Mirage de la gauche de la gauche et danger réel de l'extrême droite28/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2391.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Après les élections européennes

Grèce : Mirage de la gauche de la gauche et danger réel de l'extrême droite

Avec 26,6 % des voix et 6 sièges, la Coalition de la gauche radicale (Syriza) arrive en tête devant les deux partis du gouvernement de coalition : la Nouvelle démocratie de droite (22,7 % - 5 sièges) et le Pasok, parti socialiste (8,02 % - 2 sièges). Mais entre ces deux derniers s'est intercalé en troisième position le parti d'extrême droite, Aube dorée, avec près de 9,5 % (3 sièges) et 100 000 voix de plus qu'aux élections législatives de 2012.

Les deux partis au pouvoir payent leur politique systématique d'appauvrissement de la population, appliquant à la lettre les directives de la Troïka (la Banque centrale européenne, l'Union européenne et le FMI) pour sauver les banques et les intérêts des capitalistes grecs et étrangers.

La progression d'Aube dorée montre une décomposition de la société grecque sous les coups de la crise et de la violence des attaques contre la population. Outre ses résultats aux européennes, ce parti, dont le dirigeant ne cache pas sa sympathie pour le régime nazi, a obtenu 16 % des voix aux municipales à Athènes, et même plus de 20 % dans certains quartiers populaires. Il tire ses suffrages de l'électorat de droite radicalisé mais aussi d'une partie de la population déboussolée. Multipliant les actes de violence contre les immigrés, contre les syndicalistes, les militants de gauche, il incarne parfaitement ce dont le patronat peut avoir besoin pour mettre au pas les travailleurs. Les travailleurs, les chômeurs - 28 % de la population et 58 % chez les jeunes - épuisés par une lutte quotidienne pour la survie, et qui se sont laissés prendre à sa démagogie et à sa prétendue solidarité avec les pauvres, à condition qu'ils soient grecs, n'ont rien à en attendre que des coups.

Le bon résultat de Syriza montre que de nombreux électeurs ont voulu exprimer leur colère contre le gouvernement, en votant pour une gauche dont ils espèrent des mesures radicales. Tsipras, le leader de Syriza, a beaucoup joué sur la fibre nationale, appelant à voter pour une Grèce qui retrouverait sa dignité et sa place dans l'Europe sans avoir à subir « la tutelle néo-libérale de Berlin ». Il a exhorté le pays à se débarrasser de ses dirigeants corrompus. Maintenant, s'appuyant sur ses résultats mais aussi sur la victoire de sa candidate à la tête de la région d'Athènes, qui représente 30 % du corps électoral, il réclame, sans succès, des élections législatives anticipées. Il en appelle à une alliance politique élargie avec la perspective de constituer un jour un nouveau gouvernement, qui pourrait négocier avec la Troïka l'application d'une politique moins rigoureuse. Une sorte de gouvernement de gauche social-démocrate, dont on voit en France les résultats.

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