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SNCF : Un service public en peau de chagrin
Sous prétexte d'un déficit de 20 millions d'euros par an sur trois lignes de trains Corail, la SNCF annonce qu'elle réduira sévèrement le trafic sur ces axes si les Conseils régionaux ne paient pas. Elle pratique ainsi un vrai chantage, alors que les Régions protestent à juste titre, en rappelant qu'elles n'ont jamais reçu de la part de l'État les fonds nécessaires au financement de leurs dessertes ferroviaires, comme cela était prévu dans le cadre des accords de régionalisation. En fait, avec les cheminots, les usagers régionaux du chemin de fer se retrouvent à faire eux aussi les frais de la politique de la direction SNCF, qui recherche les économies dans tous les secteurs et de toutes les façons possibles.
Au mois de mars dernier, la SNCF publiait son bilan financier 2004 et se réjouissait de sa bonne santé. Son président Louis Gallois se félicitait devant les membres du conseil d'administration: «En 2004, la SNCF est bénéficiaire... Elle peut en être fière» et poursuivait: «Dans le transport public, les frontières s'estompent entre l'urbain, le périurbain et le régional, invitant à produire des offres (...) plus riches en terme de services.» Les chiffres publiés alors témoignaient en effet de la bonne santé du Groupe SNCF avec un chiffre d'affaires en nette augmentation, tout comme son bénéfice. Les services des trains express régionaux, globalement, affichaient eux aussi de bons résultats. Le nombre de voyageurs les empruntant était en augmentation, passant de 9,14 milliards de voyageurs/kilomètre en 2003 à 9,56 en 2004. Bref, aucune raison de s'inquiéter sur l'équilibre financier de la SNCF et encore moins de raisons de tailler dans les effectifs des cheminots, dans le nombre de trains circulant sur les lignes secondaires, dans le nombre de gares desservies, etc. Et pourtant, d'ici la fin de l'année, la direction SNCF compte réduire les liaisons Corail entre Nantes et Lyon (de 37 par semaine actuellement à 16) et celles entre Quimper et Toulouse, via Nantes et Bordeaux (de 68 à 32). Quant à la liaison ferroviaire entre Caen et Tours via Le Mans, elle devrait tout simplement disparaître. Voilà ce qui s'appelle faire «des offres plus riches», comme dit Gallois, en termes de service public!
La SNCF avoue elle-même avoir les moyens financiers de maintenir toutes les lignes existantes, même si les trains qui y circulent ne sont pas bondés. Ce serait la moindre des choses de la part d'un véritable service public, qui devrait être moins préoccupé de résultats financiers que de la qualité du service rendu à la population. Mais lorsque Gallois parle de bénéfice à réaliser, il n'évoque pas un bénéfice social, utile à l'ensemble des usagers, mais bien un profit sonnant et trébuchant. Et tant pis pour le service public.