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- Lutte ouvrière n°1932
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Leur société
«Suivi de la recherche d’emploi» : Contre les chômeurs, pas contre le chômage
Le décret relatif «au suivi de la recherche d'emploi» vient finalement d'être publié au Journal Officiel. Ce nouveau dispositif de contrôle des chômeurs s'inscrit dans le plan Borloo dit de «cohésion sociale». Il devait prendre effet depuis plusieurs semaines, mais le gouvernement a attendu que le référendum sur la Constitution européenne soit passé pour publier les décrets d'application. Preuve qu'il n'ignorait pas le caractère impopulaire de cette nouvelle mesure. Ce nouveau système va se traduire par une accélération de la radiation de nombreux chômeurs de la liste des «demandeurs d'emploi».
Par exemple, un refus sans motif légitime (mais quel refus sera considéré comme légitime ?) d'un emploi, d'une formation et, pour un jeune, d'un contrat d'apprentissage pourra entraîner une baisse de 20% des allocations pendant deux à six mois. En cas de récidive, la baisse de l'allocation atteindra 50% ou un à six mois de radiation. Pour une absence de réponse à une convocation ou l'insuffisance de recherche d'emploi, le chômeur pourra être sanctionné par deux mois de suppression de l'allocation et, en cas de récidive, cette suppression pourra être définitive. En cas de déclaration considérée comme inexacte, la radiation peut être là aussi définitive.
Les Assedic établiront les dossiers d'infraction et le préfet décidera de la sanction. Dans les cas de non-réponse à une convocation, le chômeur pourra voir son allocation directement suspendue par les Assedic. La radiation existait déjà lorsque le chômeur ne se présentait pas aux convocations, déclare aujourd'hui le gouvernement qui explique qu'en 2003, seuls 0,07% des chômeurs auraient été radiés. Cette faible efficacité dans les radiations s'expliquait, nous dit-on aujourd'hui, par le caractère trop expéditif de la sanction: la radiation définitive. Aujourd'hui, le gouvernement prétend rendre la sanction plus efficace en procédant selon plusieurs paliers. C'est évidemment un moyen de faire pression sur les chômeurs pour qu'ils acceptent n'importe quel travail, n'importe quels horaires, n'importe où.
On nous ressasse la rengaine: s'il y a des chômeurs, c'est qu'ils refusent le travail. Sauf que, des emplois disponibles, il y en a beaucoup moins que des sans-emploi, les statistiques officielles le confirment. Sauf que ce sont les patrons qui suppriment les emplois, et non les salariés qui les quitteraient pour «se la couler douce» au chômage. Les employeurs et eux seuls ont le pouvoir de débaucher ou d'embaucher. Et ils en décident souverainement, en fonction des besoins de leur production, c'est-à-dire de leurs profits.
Voilà pourquoi les mesures anti-chômage de Villepin-Borloo ne peuvent agir contre le chômage, mais peuvent seulement transformer les chômeurs déclarés en chômeurs non déclarés. C'est cela l'objectif du gouvernement, et rien d'autre.