Espagne : l'ETA, le socialisme et la classe ouvrière01/11/19861986Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1986/11/LdC4.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

Espagne : l'ETA, le socialisme et la classe ouvrière

 

L'organisation nationaliste basque ETA se situe-elle dans le camp du socialisme et de la classe ouvrière ? Pour la plus grande partie de l'extrême gauche, en Espagne et hors d'Espagne, la réponse à cette question serait positive, le caractère radical de l'ETA étant assimilé à un brevet de socialisme.

Le fait que durant vingt-cinq ans il y ait eu des secteurs important de la classe ouvrière et de la population pauvre du Pays Basque qui ont sympathisé, ouvertement ou secrètement, avec les prises de position et les actions de l'ETA mérite certes d'être pris en considération. Cela était dû en grande partie à l'inexistence d'organisations prolétariennes, capable d'offrir des perspectives à la classe ouvrière du Pays Basque comme à celle du reste de l'Espagne. Cette carence a fait que l'ETA a pu représenter, sous le franquisme, à certaines périodes et à sa manière, la volonté de lutte des travailleurs. Et le principal mérite de l'ETA aura sans doute été d'avoir su alors démontrer qu'y compris avec de faibles moyens, et face à une armée et une police omniprésentes, il était possible de relever la tête, de s'opposer à l'oppression et même de porter des coups sévères à la dictature.

Mais si le recrutement de l'ETA parmi le travailleurs, la force considérable que représente la classe ouvrière au Pays Basque ont amené l'ETA à se poser le problème de ses liens avec cette classe ouvrière ; si l'ETA a connu plusieurs scissions importantes qui ont donné naissance à des groupes se réclamant du marxisme et du mouvement ouvrier (mais qui ont périclité ensuite), l'ETA n'est jamais passée sur les positions du prolétariat, n'a jamais quitté le terrain du nationalisme bourgeois.

 

Les origines de l'ETA

 

Jusqu'aux années 1950, la direction du mouvement nationaliste basque (qui existait depuis des décennies) était constituée par le Parti Nationaliste Basque, le PNB, parti conservateur et clérical qui avait été à la tête du gouvernement autonome d'Euskadi, allié de la République, durant la guerre civile. L'embryon de l'ETA se forma en 1952, quand un groupe d'étudiants déçus par la situation sociale et politique, comme par l'inactivité du vieux PNB, décidèrent de créer le groupe Ekin (Action).

En 1956, Ekin entra en relations avec le PNB, qui lui confia la formation idéologique de son organisation de jeunesse, dans laquelle les membres de Ekin s'intégrèrent. Mais, après deux ans de collaboration, une rupture définitive se produisit.

En 1959 les anciens membres de Ekin créèrent un nouveau groupe sous le nom de ETA (Euskadi Ta Askatasuna : Le Pays Basque et sa Liberté) et définissaient leur nouvelle organisation comme un mouvement patriotique, démocratique et aconfessionnel.

L'idéologie de l'ETA fut rassemblée en un « Livre Blanc » où étaient étudiés le communisme et le christianisme progressiste comme méthodes d'organisation et d'action, dans une tentative clairement exprimée de se différencier du PNB sans tourner le dos aux sentiments religieux de la majorité du peuple basque.

La première action d'envergure de l'ETA consista en une tentative de faire dérailler un train d'anciens combattants franquistes. Cela provoqua le premier coup de filet massif de la police contre l'ETA : plus de cent militants furent emprisonnés, et autant durent s'exiler.

Ces exilés devinrent les porte-parole de l'ETA à l'extérieur et, de mai 1962, date de la Première Assemblée (l'équivalent pour l'ETA d'un congrès) à 1967, l'histoire de l'ETA ne nous est connue que par celle de ses Assemblées.

Bien évidemment, l'histoire d'une organisation ne se réduit pas à celle de ses congrès, mais pour une organisation clandestine, les textes qu'elle tient à oublier à l'issue de ses congrès sont révélateurs, sinon de ce qu'elle est, du moins de ce qu'elle veut paraître, et cela permet à coup sûr de juger de ce qu'elle n'est pas.

La Deuxième et la Troisième Assemblées, tenues en 1963 et 1964 à l'extérieur, furent dominées, comme la Première, par le noyau des fondateurs. Cependant, on commençait déjà à y noter l'influence de dirigeants d'idéologie tiers-mondiste ou maoïste qui préconisaient de passer à l'action armée en utilisant les mêmes méthodes que les Algériens ou les Vietnamiens. Cela suffira à faire considérer l'ETA comme une organisation anticapitaliste et anti-impérialiste par une grande partie de l'extrême-gauche.

Cette radicalisation de l'ETA, et surtout la réaffirmation de la rupture avec le PNB, qualifié de « bourgeois » par la Troisième Assemblée, réveillèrent la colère des dirigeants de ce parti qui accusèrent l'ETA d'être communiste, et dénoncèrent même nommément plusieurs dirigeants en exil à la police française, obligeant ainsi la vieille garde de Ekin à sortir du Pays Basque français. La direction passa alors à des militants de l'intérieur.

La Quatrième Assemblée de l'ETA se tint vers le milieu de l'année 1965, et adopta des textes concernant la guérilla urbaine, et la « spirale action-répression-action ». Peu après, à la suite de hold-up réalisés pour acheter des armes, la direction de l'ETA fut une fois de plus désorganisée par la police, et se retrouva aux mains d'un secteur qualifié « d'ouvriériste » parce qu'il penchait plus vers les actions de masses que vers la stratégie de la guérilla urbaine.

Mais les prises de position de cette nouvelle direction politique furent combattues aussi bien par la vieille garde que par les nationalistes « de gauche » qui s'unirent contre ces « ouvriéristes », qualifiés « d'espagnolistes » et accusés de vouloir « liquider la lutte armée ». La première partie de la Cinquième Assemblée, qui se déroula en décembre 1966, se termina avec l'exclusion des « liquidateurs » dont les liens avec des secteurs ouvriers de la province de Guipuzcoa, particulièrement à San-Sebastian et dans sa ceinture industrielle, ne pesèrent pas lourd face au danger, pour l'ETA, de voir la question sociale prendre le pas sur la question nationale.

 

L'ETA-Vème assemblée

 

La seconde partie de la Cinquième Assemblée, en mars 1967, réaffirma les choix de la Quatrième. Après quoi, les membres de la vieille garde qui avaient réintégré l'ETA pour combattre les « liquidateurs ouvriéristes » l'abandonnèrent de nouveau, en accusant leurs alliés de la veille de l'avoir convertie en un mouvement marxiste !

En effet, cette seconde partie de la Cinquième Assemblée élabora un texte intitulé « Idéologie officielle de l'ETA » (qui représente encore aujourd'hui les positions de celle-ci). Ce texte ajoutait l'adjectif « socialiste » à la vieille définition de l'ETA comme « mouvement basque révolutionnaire de libération nationale ». Du nationalisme révolutionnaire, il était dit qu'il « consiste en la libération nationale du peuple basque ; c'est la négation totale de la réalité actuelle oppressive. Cette négation totale peut seulement être réalisée par le peuple travailleur basque à travers sa situation de classe exploitée ».

Mais on distinguait entre prolétariat basque et immigré : « Tout le prolétariat basque est opprimé nationalement (...) Le prolétariat immigré est exploité économiquement par l'oligarchie (...) Mais étant culturellement espagnol, il laisse de côté dans sa lutte les éléments sociaux-culturels de base qui ne peuvent pas être abandonnés par le peuple basque, et il contribue objectivement, par conséquent, à l'exploitation qu'exerce l'oligarchie sur le peuple basque ». D'après ce texte, les travailleurs immigrés ne peuvent cesser d'être considérés comme des « exploiteurs » que s'ils assument les caractéristiques socio-culturelles basques, que si « ils s'intègrent à Euskadi (...) en en formant partie » . En revanche, les exploiteurs en fait ou en puissance peuvent être considérés comme faisant partie du peuple, à condition d'être basques, naturellement : « En général, la petite et la moyenne bourgeoisie, quand il y a oppression nationale, sont nationalistes. La bourgeoisie nationale, et surtout la petite bourgeoisie qui collabore avec le peuple travailleur dans notre libération nationale, est aujourd'hui, dans la pratique, révolutionnaire, et par conséquent fait partie du peuple » .

Ainsi le drapeau que hissa l'ETA au cours de cette Cinquième Assemblée -qui est encore considérée comme l'assemblée clef - est purement et simplement celui du nationalisme. Pour l'ETA, la première et principale oppression dont souffre le « peuple travailleur basque » est nationale, non économico-sociale. Elle déduit de cela que la mission de ce peuple est en premier lieu de lutter pour la libération nationale dans un front commun avec la petite et moyenne bourgeoisie, et y compris avec la bourgeoisie nationale, puisque celles-ci peuvent être « révolutionnaires », peuvent faire « partie du peuple » si elles « collaborent... dans notre libération nationale ». L'ETA se prononce pour la « conscience nationale de classe », mais contre la conscience de classe tout court, qu'elle baptise « idéologie de classe » et qu'elle définit, pour mieux la rejeter, comme « l'acceptation parle travailleur de sa condition au sein des structures bourgeoises » .

L'ETA évite soigneusement de parler de la conscience de classe, comprise comme la conscience d'une classe, la classe ouvrière, exploitée par une autre classe, la bourgeoisie. En mettant un signe égal entre « idéologie de classe » et réformisme, l'ETA n'offre pas d'autre alternative, en définitive, au prolétariat basque, que de s'intégrer à la lutte de libération nationale au coude à coude avec les différents secteurs de la bourgeoisie basque.

 

L'alternative nationaliste contre l'alternative ouvrière

 

L'intervention de l'ETA dans le mouvement ouvrier alla donc dans ce sens. Selon ce qu'expliquait son organe, « Zutik ! » dans le numéro 51, il s'agissait de créer « un front de lutte qui assure l'unité, l'organisation depuis la base et la force du prolétariat industriel d'Euskadi, pour frapper ainsi l'ennemi... ».

Le développement unitaire de la vague de grèves qui parcourut le Pays Basque entre 1967 et 1969, au cours desquelles les travailleurs basques et immigrés luttèrent coude à coude, amena l'ETA à reconsidérer sa méfiance vis-à-vis de ces derniers, à créer le Front ouvrier et à appuyer des organismes qui s'étaient créés en Biscaye (les « Comités d'usine » ) plus combatifs que les Commissions Ouvrières. Mais bien que ces activités en direction du prolétariat industriel amenèrent une augmentation considérable des effectifs ouvriers de l'organisation, cette période, qui vit de grandes luttes ouvrières en Euskadi, se déroula sans que l'ETA modifie fondamentalement sa manière antérieure de poser les problèmes.

Profondément marquée par le nationalisme et les thèses tiers-mondistes, y compris dans ces conditions, elle ne se décida pas à organiser la classe ouvrière comme telle, sur la base d'un programme de classe ; mais elle continua à la considérer comme un point d'appui, comme un moyen pour faire pression sur Madrid, sur l'État espagnol. De fait, la célèbre « identification de la libération nationale et de la libération sociale, la fusion du nationalisme et du socialisme », que certains considèrent comme la principale conquête et le principal apport de l'ETA, n'a jamais existé autrement que sur le papier ; car l'ETA a toujours agi comme si le second terme de ces binômes n'existait pas ou pouvait seulement servir à appuyer le premier.

 

Les années du choix décisif

 

La mort de l'un des principaux dirigeants de l'ETA, Txabi Etxebarrieta, tué par la police le 7 juin 1968, souleva une vague d'indignation dans tout le Pays Basque. Durant presque deux mois, des messes journalières y furent célébrées pour le repos de l'âme du « gudari » (soldat basque).

Durant ces deux mois, l'ETA vit arriver à elle une vague de jeunes, étudiants, employés, ouvriers, attirés par un mouvement qui était capable de susciter une telle manifestation d'anti-franquisme.

Le 2 août, un commissaire de police, Meliton Manzanas, tortionnaire notoire, tombait sous les balles d'un militant de l'ETA. Le jour suivant fut décrété l'état d'exception et la police se lança dans une répression aveugle. En dix jours, plus de six cents personnes furent arrêtées et torturées. A la fin de l'année, les cadres de l'ETA commencèrent à tomber, et les arrestations continuèrent durant les neuf mois que dura l'état d'exception.

En exil, en ces années 1968-69 qui avaient vu les idées du marxisme révolutionnaire trouver un écho dans de larges couches de la jeunesse, en particulier en France, des militants qui avaient réussi à échapper à la prison créèrent des groupes d'étude du marxisme et s'organisèrent comme tendance sous le nom de « Cellules rouges » ( « Saioak » ). Leur idée était d'essayer de créer un Parti Communiste Basque à partir du Front Ouvrier de l'ETA, dont les membres s'étaient plaint amèrement de la priorité donnée par l'organisation aux actions armées. Dans le numéro 3 de « Saioak », ils affirmaient : « La minorité isolée qui considère les autres, prolétariat inclus, comme une masse amorphe sans conscience ni esprit de révolte est généralement une minorité petite-bourgeoise Toute l'histoire du nationalisme nous démontre que la lutte nationale qu'ont menée ces différentes fractions bourgeoises basques a été menée indépendamment de la pratique politique du prolétariat. Qui plus est, elle a été positivement menée contre ta pratique ouvrière » .

« Saioak » rencontra l'hostilité des « militaires », des dirigeants sortis de la Cinquième Assemblée, et de l'association « Anai-Artea » ( « Entre Frères » ) qui se consacre en France à aider les réfugiés basques. Celle-ci se déclara opposée aux thèses des « Cellules rouges » et réduisit drastiquement l'aide qu'elle leur apportait. Finalement, en août 1970, durant la première partie de la Sixième Assemblée, devant toutes ces oppositions, les « Cellules rouges » décidèrent d'abandonner l'ETA.

Ce fut à ce moment que fut annoncée la tenue du procès de Burgos. A travers celui-ci, les militants de l'ETA acquirent, y compris à l'étranger, un incontestable prestige de lutteurs anti-franquistes. Et ce procès se termina par un recul du pouvoir franquiste, qui, devant la vague de manifestations de solidarité qui secoua le pays, et le retentissement international de l'affaire, se vit obligé de commuer les condamnations à mort prononcées en peines de prison.

Mais une foi passée l'euphorie des manifestations populaires, l'ETA se retrouva aussi divisée qu'avant. Après l'expulsion des « Cellules rouges », la Sixième Assemblée avait vu le départ des « militaires » qui lui refusaient toute légitimité et qui en avaient traité les dirigeants de « voleurs » et - insulte suprême - « d'espanolazos - d'espèces d'Espagnols » ), parce qu'ils avaient envoyé un million de pesetas aux familles de trois ouvriers andalous tués par la police à Grenade (à l'autre bout de l'Espagne) lors de la grève de la construction de 1970.

De cette ETA-VI (Sixième Assemblée) sortit en 1972 un groupe qui, se réclamant du socialisme et de la lutte des classes, finit par rejoindre les rangs du « Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale ».

Mais les partisans d'une ETA fidèle aux postulats de la Cinquième Assemblée (essentiellement les « militaristes » et la vieille garde) ne renonçaient pas à leur sigle, et ce fut finalement eux qui l'emportèrent dans les faits. Ils relancèrent la campagne pour la création d'un Front National Basque commencée en 1967. Le refus du PNB empêcha cette proposition d'aboutir. Mais cela coûtera à ce parti de perdre le meilleur de ses jeunesses, qui une fois de plus iront vers l'ETA, et apporteront aux « milis » une structure organisationnelle et de propagande qui leur manquait. Ce furent ces jeunes venant du nationalisme traditionnel qui recomposèrent l'ETA et lui donnèrent le caractère activiste qu'elle acquit à partir de 1972.

Dans ses publications ( « Zutik ! » n°63, « Hautsi » n°3), ETA affirmait que le Front militaire « ...devait servir(..) à appuyer et à compléter la lutte de masses », que « les actions à mener seraient destinées à appuyer la classe ouvrière. Les objectifs sont de favoriser, protéger et appuyer l'organisation de la classe ouvrière » . Mais c'était la direction de l'ETA, de fait sa branche militaire, qui décidait le type, la manière et le moment des actions à réaliser... pour « appuyer » la classe ouvrière. Et face à la répression qui suivait ces actions, les militants des autres fronts et surtout ceux du Front Ouvrier, souvent connus comme tels dans leurs entreprises, étaient plus exposés que les clandestins du Front Militaire, qui avaient la possibilité d'essayer de se cacher ou de passer en France quand ils avaient terminé une action.

Ainsi, au lieu de « favoriser l'organisation de la classe ouvrière » , beaucoup des actions lancées par le Front Militaire (y compris celles qui visaient à séduire les travailleurs, comme les enlèvements de patrons) désorganisaient l'infrastructure des militants légaux organisés dans le Front Ouvrier. Et le Front Ouvrier considéra que le comble était atteint quand le Front Militaire décida de remplacer le projet primitif d'enlèvement de Carrero Blanco, par celui de le faire sauter. Au bout de quelques jours, le Front Ouvrier abandonna définitivement l'ETA, pour se constituer en organisation propre.

A partir de 1974, on peut dire que l'histoire de l'ETA fut l'histoire de ses attentats. La période des discussions, des scissions de caractère politique, était terminée. Les différents courants qui, au sein de l'ETA, avaient essayé, à un moment ou à un autre, de développer le secteur ouvrier de l'organisation en avaient été exclus ou en étaient partis, vivant désormais une existence indépendante.

 

Le choix logique de l'ETA militaire

 

Et si en octobre de cette même année se produisit une ultime scission, celle-ci correspondait plus à des questions de confiance mutuelle, y compris personnelle, entre « milis » et « poli-milis » qu'à autre chose. D'une branche en sortirent deux nourries d'une même et unique sève : l'ETA politico-militaire - autodissoute en 1982 - et l'ETA militaire qui, elle, alla jusqu'au bout de sa logique, transformant l'organisation en un appareil militaire unique exclusivement consacré à la lutte armée.

Ainsi, loin d'être l'exemple d'un mariage heureux entre le socialisme et le mouvement ouvrier d'une part, et le nationalisme d'autre part, toute l'histoire de l'ETA prouve la vanité des efforts de ceux de ces militants qui voulurent construire une organisation nationaliste s'appuyant sur la classe ouvrière basque.

Et ce n'est pas étonnant. Si de nombreux travailleurs basques aspirent à voir reconnus les droits nationaux d'Euskadi, si de nombreux militants de l'ETA voulaient sans doute sincèrement défendre les intérêts des travailleurs basques, le nationalisme en tant qu'idéologie, n'est pas seulement une chose différente de la conscience socialiste et de la conscience de classe, mais une chose qui leur est opposée.

Si l'ETA se retrouvait un jour à la tête d'un gouvernement basque, cela signifierait simplement que les travailleurs d'Euskadi, basques ou non, auraient changé d'oppresseurs, car c'est contre eux que l'ETA gouvernerait. En refusant la lutte contre l'ensemble de ta bourgeoisie qui a ses affaires au Pays Basque, les dirigeants de l'ETA mettraient inévitablement sur pied, s'ils arrivaient à vaincre, un instrument au service des possédants.

Et s'il est bien vrai que le peuple basque a, s'il le désire, le droit à l'indépendance, il est non moins vrai que cette indépendance ne sera profitable à la classe ouvrière que si c'est elle qui dirige la lutte, en fonction de ses objectifs et de ses intérêts de classe, c'est-à-dire, tout bien pesé, des intérêts qui sont communs au prolétariat basque, espagnol, et mondial.

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