- Accueil
- Lutte ouvrière n°2918
- Rassemblement national : déjà à plat ventre devant le grand patronat
Élections législatives
Rassemblement national : déjà à plat ventre devant le grand patronat
Plus le RN s’approche du pouvoir, plus il cherche à démontrer au grand patronat qu’il sera, comme tous ses prédécesseurs, un fidèle serviteur des intérêts capitalistes.
Le RN ayant besoin des voix populaires pour s’imposer, il n’a pas lésiné ces dernières années sur les déclarations hostiles à l’« oligarchie financière » ou aux « superdividendes », au moins autant pour gagner des voix ouvrières que pour gagner celles des petits patrons. C’est à ceux-ci que Marine Le Pen s’adressait, il y a quelques années, quand elle opposait « les faux patrons sortis des grandes écoles » aux « vrais patrons, ceux des PME- PMI ».
C’est le propre de tous les démagogues de dire à leurs électeurs ce qu’ils ont envie d’entendre. Mais, du moment où le RN a commencé à envisager sérieusement une arrivée au pouvoir à l’élection présidentielle de 2027, ses cadres ont, plus ou moins discrètement, commencé à rencontrer les milieux d’affaires pour les convaincre qu’il peut être un parti bourgeois comme les autres, soucieux du cours de la Bourse, de la bonne santé des profits et de la satisfaction des moindres désirs du Medef.
C’est ainsi qu’à l’automne dernier, Marine Le Pen s’est affichée dans un luxueux restaurant parisien avec Henri Proglio, ex-patron de Veolia, ou que Jordan Bardella est allé au même moment « parler avec la France qui réussit » dans un colloque organisé par l’école de commerce HEC. À la veille des élections européennes, Bardella est allé s’agenouiller devant le Medef pour faire allégeance, en compagnie de la rassurante figure d’Éric Ciotti.
Après la dissolution de l’Assemblée, le RN a changé de braquet et expliqué que Jordan Bardella, qui « compose son gouvernement », est à la recherche d’un ministre de l’Économie capable de « rassurer les marchés », c’est-à-dire les spéculateurs du CAC 40 et les banquiers.
Le RN a longtemps prospéré sur son prétendu rejet du « système des grands partis », ce qu’il appelait naguère l’« UMPS. » Il se félicite maintenant d’avoir fait alliance avec une partie des LR, et veut montrer son vrai visage en matière économique. Le « premier parti ouvrier de France », comme il se plaît à se décrire, fait désormais la cour aux patrons du CAC 40 et aux banquiers pour trouver à qui confier les commandes de Bercy. Il aurait ainsi, selon la presse, approché Henri de Castries, ancien PDG d’AXA, ou le banquier d’affaires Philippe Villin, spécialiste des fusions-acquisitions et éminence grise depuis vingt ans de tous les grands patrons, de celui de L’Oréal à ceux de Sanofi, Total ou Safran.
Que ces bourgeois acceptent ou non de gouverner avec le RN, le seul fait que ce parti les sollicite en dit long sur ce qu’il sera une fois arrivé au pouvoir : servile avec le patronat, impitoyable avec les travailleurs.