Prisons : record d’inhumanité22/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2912-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Prisons : record d’inhumanité

Le nouveau rapport de la contrôleuse des prisons, Dominique Simonnot, met en évidence l’explosion du nombre de personnes emprisonnées en France et « l’aggravation dramatique » de leurs conditions de vie.

Mois après mois, la France bat son propre record de surpopulation carcérale. Avec 77 450 personnes détenues au 1er avril pour 61 470 places, le taux est désormais de 125 %. Les maisons d’arrêt, qui accueillent les courtes peines et les personnes dans l’attente de leur jugement, atteignent même un taux d’occupation moyen de 150 %, et des pics à 250 %. Avec « trois détenus dans 9m2 », les conditions de vie sont humiliantes et insupportables : les cellules grouillent de cafards et de punaises, tandis que certaines n’ont même pas de séparation entre les lits et les toilettes. Au total, près de 3 400 personnes dorment sur des matelas au sol.

Le rapport dénonce aussi le manque de moyens médicaux : les détenus atteints de troubles psychiques n’ont quasiment jamais accès aux soins nécessaires et sont abandonnés à leur sort. Quant aux sans-papiers victimes d’un contrôle d’identité et enfermés dans les centres de rétention administrative (CRA), ils se retrouvent mélangés à « des profils pénaux lourds », placés dans ces centres en raison du manque de places disponibles dans les prisons.

Dominique Simonnot évoque une « chaîne qui déraille », des manquements de l’aide sociale à l’enfance jusqu’à l’enfermement en prison, et s’interroge : « Que sommes-nous, collectivement, devenus pour tolérer de tels traitements à des êtres humains quoi qu’ils aient fait ? »

Dans une société pourrie d’oppression et d’injustices et sur fond de crise, l’État bourgeois ne peut que se montrer de plus en plus répressif. Sa réaction est d’enfermer à tour de bras, comme après les émeutes de juillet dernier qui ont conduit à l’emprisonnement de 742 personnes, ou encore comme dans le cas de cet homme condamné par le tribunal de Dieppe le mois dernier à un an de prison ferme pour des vols de boîtes de rillettes et de jetons de laverie dans des supérettes. Cette justice aux prisons de plus en plus délabrées et surpeuplées, qui vise particulièrement les classes pauvres, est une justice de classe et elle juge cette société capitaliste pourrissante.

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