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Dans le monde
Muhammad Yunus, le « banquier des pauvres »
Muhammad Yunus, appelé à être le nouveau Premier ministre du Bangladesh, a été surnommé le « banquier des pauvres » et il doit évidemment cette nomination aux illusions qu’elle peut susciter.
Le nouveau Premier ministre, âgé de 84 ans, a été industriel, puis professeur d’économie pendant des années aux États-Unis. Il est connu pour avoir, après une terrible famine au Bangladesh en 1974, préconisé le « micro-crédit » : que des paysans ou artisans pauvres se regroupent pour se prêter de petites sommes.
Yunus a ainsi fondé la Grameen Bank, « banque des villages. » Celle-ci a prospéré et il écrivait en 2008 que « le social business est la pièce manquante du capitalisme. » Cela lui a valu le prix Nobel de la paix en 2006, et la médaille de la Liberté en 2009 des mains d’Obama. Cela n’a aucunement mis fin à la misère ni à la crise du capitalisme, mais lui a valu dans son pays l’image d’un homme intègre et préoccupé des moyens de lutter contre la pauvreté. Il s’opposait au pouvoir autoritaire de Sheikh Hasina et était par conséquent depuis des années accusé de diffamation, de détournements, d’atteintes au droit du travail et harcelé par les autorités.
C’est donc un homme ayant l’image d’un ami des pauvres qui a été choisi pour donner une nouvelle façade au pouvoir bangladais, sans doute parce qu’elle est susceptible de faire patienter une population majoritairement très pauvre et peut- être au bord de l’explosion sociale. Il reste à savoir combien de temps il pourra maintenir l’illusion d’un changement à venir sans s’en prendre aux privilèges des classes dominantes, aux structures sociales inégalitaires, et à l’impérialisme.