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Médias et extrême droite : la liberté d’expression des milliardaires
Bien des médias, journaux, radios ou chaînes de télévision sont sous la coupe de milliardaires, dont certains ne se privent pas d’y diffuser leurs opinions d’extrême droite.
C’est le cas du groupe Bolloré. Le milliardaire breton, qui a fait fortune dans la Françafrique, catholique affiché, a tout d’abord fait main basse sur le groupe Canal+, incluant C8, Cnews et CStar. Récemment, en prenant possession du groupe Lagardère, il a avalé Paris Match, Europe 1 et le Journal du dimanche, les transformant en fer de lance d’une propagande réactionnaire.
Les invités des émissions politiques et autres « talk-shows » des médias de Bolloré font ainsi partie, en toute pluralité, de l’éventail allant de l’extrême droite à la droite extrême. Les émissions ou journalistes récalcitrants ont été à chaque rachat priés d’aller voir ailleurs. Un ancien journaliste de I-Télé, rachetée par Bolloré avait confié en 2016 : « Le message c’était : Il y a de l’argent sur la table, tu le prends et tu t’en vas, ou tu fermes ta gueule à jamais. »
C’est aussi ce qui vient d’être dit en substance aux journalistes de Marianne, qui s’inquiètent de la prise de contrôle de leur hebdomadaire par un autre milliardaire catholique réactionnaire, Pierre-Édouard Sterin, très proche de Bolloré.
Beaucoup s’émeuvent, et on les comprend, du développement de ce pôle médiatique d’extrême droite. Ils le font au nom de la liberté de la presse et de la liberté d’expression. Mais sous le capitalisme, la liberté de la presse n’a jamais été et ne sera jamais que la liberté des capitalistes de posséder la presse, afin de s’enrichir et de contrôler l’opinion. C’est ainsi que les médias sont unanimes pour défendre l’ordre bourgeois, la guerre en Ukraine, en Palestine et sur le terrain social, face aux travailleurs qui osent relever la tête.
Bolloré n’est pas une exception. Pendant longtemps, le groupe Hersant, possédait une grande partie de la presse, régionale et nationale. Le marchand d’armes Dassault a pris sa relève et possède Le Figaro. L’armateur Saadé, propriétaire de la CMA CGM, vient de s’offrir BFM-TV et RMC, rachetés à Drahi, dirigeant de SFR, qui conserve Libération. Les Échos et Le Parisien appartiennent à Bernard Arnault, le groupe Le Monde à Xavier Niel, dirigeant de Free. Selon un organigramme publié par le Monde diplomatique, une trentaine de familles de la grande bourgeoisie se partagent les médias. Voilà ce qu’il en est de la liberté de la presse sous le capitalisme.
La montée des idées réactionnaires, racistes et nationalistes relayées à droite et aussi à gauche, depuis plusieurs décennies, a convaincu certains patrons des médias qu’ils pouvaient désormais afficher sans retenu leurs idées réactionnaires. Ils savaient depuis toujours n’avoir rien à craindre de l’extrême droite, mais ils pouvaient redouter de perdre des lecteurs, des téléspectateurs et donc de l’argent, en la soutenant ouvertement. Ce n’est manifestement plus le cas.