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- Lutte ouvrière n°2924
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Hôpitaux de Paris : informatique en panne et galère en hausse
Samedi 3 août en fin de matinée, dans tous les hôpitaux de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), l’accès Internet s’est brutalement interrompu, plus aucune application ne fonctionnait : ni le dossier patient, ni les messageries, ni aucune des applications internes qui permettent de travailler.
À l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, vers 11 heures samedi 3 août, les écrans sont restés bloqués sur la page en cours : impossible de lancer aucune application, de changer de page, de valider quoi que ce soit. Le temps de se dire qu’il fallait peut-être passer au mode dégradé du logiciel de soin qui permet par exemple d’imprimer les informations sur les prescriptions, la journée de travail était bien entamée et les nerfs des soignants aussi.
Les résultats des bilans sanguins faits le matin n’étaient plus accessibles. Les coursiers, qui accompagnent les patients à leurs examens de radiologie par exemple, ont dû revenir au bon vieux coup de fil. Tout s’est fait sur papier et il a fallu faire preuve d’imagination et d’astuce pour organiser des dossiers improvisés bien distincts et ne pas faire d’erreur entre les différents patients.
Dans certains services les plus chanceux, la direction avait demandé d’anticiper d’éventuelles cyber-attaques et les plannings de bloc opératoire, de scanner ou autres avaient été édités par avance. Mais bien sûr, ils n’étaient plus à jour.
Le logiciel a pu être restauré par les services informatiques qui ont travaillé jour et nuit et, lundi 5 août au matin, le fonctionnement commençait à redevenir normal un peu partout. Il fallait quand même choisir l’ordinateur qui voulait bien, tous ne se connectant pas. Le reste des applications indispensables à la bonne marche de l’hôpital est arrivé petit à petit au cours de la semaine.b La dernière à redevenir accessible a été celle des plannings des agents, « pas étonnant », ont dit certains.
La direction de l’AP-HP répète en boucle que c’est une panne électrique de trois heures dans l’un des deux data-centers qui a planté tout le système informatique. Mais elle assène surtout que tout s’est bien passé et qu’il n’y a eu aucune conséquence dans la prise en charge des patients. Cela reste au travers de la gorge des hospitaliers qui travaillaient ce week-end là et qui ont dû ont tout gérer tout seuls. Alors, ce qui est nécessaire, ce sont surtout des embauches parce que dans bien des salles d’hospitalisation, ce n’est pas seulement l’informatique qui fonctionnait en mode dégradé, c’étaient les soins eux-mêmes à cause du manque de personnel. Comme l’a résumé une infirmière : « Plus on est de fous, plus on rit mais c’est surtout bien pour gérer les galères au boulot. La direction n’est jamais là pour s’en charger. »