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Élections législatives
Front républicain : à la rescousse des Borne et Darmanin
Dès 20 heures dimanche 30 juin, devant les caméras et micros de plusieurs chaînes, Jean-Luc Mélenchon s’est empressé d’appeler les candidats du Nouveau Front populaire à se retirer s’ils se trouvaient en troisième position dans une triangulaire où le Rassemblement national pourrait l’emporter. Cela, a-t-il dit, « conformément à nos principes ».
LFI, PS, PCF et écologistes ont donc appelé à constituer ce qu’ils appellent un Front républicain. Dimanche soir, Macron l’a fait aussi, dans l’espoir d’amoindrir sa défaite grâce à des reports de voix de gauche sur ses candidats même si, au sein de son camp, beaucoup ont exprimé un point de vue différent.
En fait, ce vocable de Front républicain recouvre une énorme escroquerie politique. Mélenchon et d’autres invoquent des « principes ». Mais, concrètement, il s’agit d’appeler les électeurs populaires à voter pour des gens qui sont leurs ennemis, au prétexte de faire barrage à l’extrême droite. Pour juger de la solidité d’un tel barrage, il suffit de rappeler qu’il y a deux ans Ciotti disait « Jamais avec le Rassemblement national », avant de décider de faire alliance avec lui au lendemain du 9 juin.
Ce Front républicain aboutit, par exemple dans la 6e circonscription du Calvados, à ce que le candidat du Nouveau Front populaire se désiste en faveur d’Élisabeth Borne, qui a mené toutes sortes d’attaques contre les travailleurs durant sept ans comme ministre, puis Première ministre de Macron. Même chose dans le Nord, où le secrétaire du PS de Tourcoing appelle à « voter pour le candidat de la majorité présidentielle », un certain Gérald Darmanin. En clair, le PS se range derrière ce ministre de l’Intérieur qui n’a cessé de faire du Le Pen contre les migrants et les travailleurs immigrés, qui a justifié toutes les « bavures » policières contre des jeunes ou des manifestants, et pas seulement des gilets jaunes.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, dit qu’il faut « sauver Élisabeth Borne », en ajoutant que « beaucoup » vont le lui reprocher. Et pour cause ! Mais c’est à cela aussi que l’on reconnaît le personnel politique de la bourgeoisie : ses membres assument de soutenir aujourd’hui ceux qu’ils disaient combattre hier au gouvernement. En cela, ils affichent la solidarité fondamentale, de classe, de toutes celles et ceux qui se veulent au service de l’ordre social. Et pour cette raison ils n’hésitent pas, comme on le constate, à cracher au visage de leurs électeurs, des salariés et plus largement de tous ceux qui rejetaient par millions la réforme des retraites voulue par le patronat et imposée par Élisabeth Borne. L’accord ayant donné vie au Nouveau Front populaire fait que tous les partis qui le composent sont ainsi solidaires de cette attitude, y compris le NPA « anticapitaliste » de Poutou-Besancenot, qui a cru bon de se joindre à ce triste attelage.
On voit que, au nom du Front républicain, la caste politique, notamment à gauche, n’est pas gênée d’appeler à voter pour des personnages dont toute la politique antisociale au gouvernement a ouvert un boulevard à l’extrême droite.
La République qu’ils défendent est bien celle de la bourgeoisie.