- Accueil
- Lutte ouvrière n°2918
- Binationaux : une campagne xénophobe odieuse
Élections législatives
Binationaux : une campagne xénophobe odieuse
Dans son programme pour les élections législatives, le RN parle d’interdire aux binationaux l’accès aux postes les plus stratégiques de l’État comme la sécurité et la défense.
S’attaquer aux binationaux n’est pas chose nouvelle au RN. Du temps de Jean-Marie Le Pen, le programme prévoyait la suppression pure et simple de la double nationalité. En 2017, Marine Le Pen défendait l’interdiction de la double nationalité aux extra-européens. Puis avec la stratégie de dédiabolisation du parti, cette proposition est sortie du programme pour être remplacée par celle de réviser la Constitution afin d’interdire l’accès des binationaux à certaines professions. Cette proposition de loi constitutionnelle a d’ailleurs été faite par le RN à l’Assemblée nationale en janvier dernier.
Après l’annonce de la mesure par Jordan Bardella, Roger Chudeau, député RN, l’a justifiée en attaquant Najat Vallaud- Belkacem sur sa binationalité, arguant qu’elle posait un « problème de double loyauté » lorsqu’elle était ministre de l’Éducation nationale… Des propos jugés si absurdes que le RN a opéré un rétropédalage en proposant de limiter l’accès des binationaux uniquement aux emplois dits sensibles liés à la sécurité et à la défense. Mais là encore, les services travaillant dans le renseignement ont dénoncé l’aspect contre-productif d’une telle mesure en matière de lutte contre le terrorisme.
Si cette proposition est jugée absurde en haut lieu, il n’en demeure pas moins qu’elle suscite de l’inquiétude parmi les 3,5 millions de travailleurs binationaux. Ils sont nés en Algérie, au Maroc, au Liban ou au Cameroun... avant d’émigrer avec leurs parents. D’autres sont nés en France de parents étrangers. Enfin, certains se sont installés ici à l’âge adulte et ont acquis la nationalité française par mariage. Tous peuvent ainsi se sentir désignés comme cible.
Leur crainte est légitime car c’est évidemment un signal du RN en direction de l’électorat xénophobe, lui indiquant qu’il prendra des mesures contre les étrangers.