Australie : la déportation des réfugiés reprend03/07/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/07/une_2918-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Australie : la déportation des réfugiés reprend

Depuis plusieurs mois, le gouvernement travailliste australien a recommencé à déporter des réfugiés vers l’île de Nauru, où il dispose d’une prison pour demandeurs d’asile.

Cette politique avait débuté en 2001, sous le nom de « solution du Pacifique », et fut menée aussi bien par le Parti libéral que par le Parti travailliste. Deux camps pour migrants furent établis, l’un sur l’île de Manus, qui fait partie de la Nouvelle-Guinée, et l’autre sur l’île de Nauru, une ancienne colonie australienne formellement autonome, située à 250 km des plus proches terres habitables, ce qui rend toute fuite impossible. L’Australie externalisa ainsi sa répression des migrants, en payant à ces pays les terrains et le droit d’y envoyer des troupes. De 2014 à 2018, elle avait signé le même type d’accord avec le Cambodge.

Les réfugiés se retrouvaient isolés dans des conditions de survie déplorables, pour une durée de détention indéterminée. De nombreux témoignages ont dénoncé l’inhumanité de cette politique, telle cette vidéo d’un Iranien qui s’est immolé par le feu en 2016 à Nauru devant des agents de l’ONU. Des membres de Médecins sans frontières, qui est depuis interdit sur l’île, racontent les actes d’automutilation et les tentatives de suicide commis par de très nombreux enfants, parfois dès l’âge de neuf ans. En 2013, une révolte des détenus éclata à Nauru. À l’aide de couteaux et de barres de fer, plusieurs centaines réussirent à s’évader, mais malheureusement ils ne purent pas fuir bien loin et furent repris par la police.

Au fil des années, le sort de ces réfugiés a suscité une émotion de plus en plus grande en Australie. Une série Netflix, Stateless, décrit ce système de détention, et le principal prix littéraire australien fut décerné en 2019 à Behrouz Boochani, un Kurde iranien, pour son livre-témoignage, envoyé par SMS depuis le camp de Manus. En 2017, le gouvernement australien finit par fermer ce camp, mais il refusa le droit de quitter l’île aux détenus qui se retrouvaient abandonnés et privés d’accès aux services médicaux. Quant à Nauru, si l’Australie arrêta les déportations vers cette île en 2015, des centaines de réfugiés continuèrent d’y être bloqués jusqu’en 2023.

C’est donc cette politique de déportation que le gouvernement australien vient de reprendre. Une centaine de personnes en ont déjà été victimes.

Partager