Allemagne : Après les grèves pour les 35 heures01/10/19841984Lutte de Classe/medias/mensuelnumero/images/1984/10/114.jpg.484x700_q85_box-27%2C0%2C2451%2C3504_crop_detail.jpg

Allemagne : Après les grèves pour les 35 heures

C'est en fin juin et début juillet que se sont conclues par la signature d'accords entre syndicats et patronat, les deux grandes grèves, dans la métallurgie et dans l'imprimerie en République Fédérale Allemande.

Dans cette citadelle du réformisme qui n'a connu depuis 2 ou 3 décennies que peu de grèves, et qui pour cette raison est constamment montrée comme l'exemple de la sagesse sociale, on a pu voir que les syndicats réputés pour leurs penchants pour la « cogestion » et pour la « concertation », pouvaient aussi, le cas échéant, organiser des grèves. Ce ne sont bien sûr pas les premières et il y en a eu d'autres dans le passé - notamment en 1978 dans la sidérurgie et déjà dans l'imprimerie - mais les dernières grèves sont de celles qui ont frappé le plus durement l'économie du pays.

La Bundesbank (banque centrale de RFA), écrit dans son rapport mensuel de septembre, que grèves et lock-out dans la métallurgie, qui ont duré jusqu'à sept semaines, ont entraîné la perte de 10,5 millions de journées de travail et que la production perdue est évaluée à 4 milliards de Deutschmarks (12 milliards de francs). Volkswagen aurait produit 160 000 véhicules en moins, Opel 120 000, etc...

C'est sur l'objectif des 35 heures que les organisations syndicales IG Metall et IG Druck und Papier ont choisi de se battre. « Au lieu du chômage pour beaucoup, il faut du temps libre pour tous » disaient les syndicats. En RFA entre 1980 et 1983, le chômage est passé de 850 000 à 2,5 millions et se situe aujourd'hui aux alentours de 2,25 millions. Le problème de l'emploi est donc au cœur des préoccupations de la classe ouvrière d'Allemagne de l'Ouest. On peut également penser que parmi ses problèmes doit également figurer en bonne place la question des salaires car cela fait plusieurs années déjà que les augmentations de salaires fixées par les conventions collectives sont systématiquement inférieures au taux officiel de l'inflation. Mais ce n'est ni sur le problème des salaires, ni directement sur le problème de l'emploi que les syndicats allemands ont choisi de déclencher des g rêves.

Ont-ils choisi les trente cinq heures pour se conformera la volonté des travailleurs de se battre sur ce terrain ? Cela n'est pas évident.

Si l'état d'esprit des travailleurs d'ici et de là-bas était comparable, le raisonnement nous conduirait à penser que la réduction du temps de travail en période d'inflation et de chômage, n'est pas la première préoccupation des travailleurs, et qu'il ne leur parait pas plus facile de faire reculer le patronat sur ce terrain plutôt que sur un autre. ceci dit nous n'avons pas les moyens d'affirmer que le problème se pose dans les mêmes termes en RFA.

C'est en tout état de cause sur le terrain des 35 heures et pas sur un autre, que les syndicats allemands ont déclenché les grèves de l'imprimerie et de la métallurgie. Et ils l'ont fait apparemment sans que ce soit les travailleurs qui les aient contraints à passer à l'offensive.

On n'a pas vu comme lors des vagues de grèves de 1967 et de 1973 des mouvements démarrer spontanément, mais on a pu assister par contre au cours de longues semaines et même de longs mois, à toute une préparation à la grève dont l'initiative venait du sommet des fédérations syndicales de la métallurgie et de l'imprimerie.

Qu'est-ce qui motivait donc ces appareils - plus coutumiers de la discussion que de la grève - à choisir une voie qui semblait leur répugner ?

En Allemagne comme dans les autres pays, les appareils syndicaux existent au sein de la classe ouvrière, et même implantés, puissants, structurés, ils ne peuvent se permettre de rester indéfiniment passifs sans risquer à terme de compromettre leur existence.

Le syndicat n'est pas obligatoire en RFA, et pour que les cotisations continuent de rentrer, même lorsqu'elles sont payées par prélèvement automatique sur les comptes bancaires des ouvriers, il faut que les travailleurs acceptent le syndicat.

La bureaucratie syndicale veille au grain, car ces rentrées d'argent permettent de faire vivre tout l'appareil et sont à la base de l'empire financier que celui-ci gère. Pour que les syndiqués continuent à adhérer, il faut qu'ils y trouvent un intérêt. Or ces dernières années, les syndicats n'obtenaient plus rien autour du tapis vert.

L'image de marque d'organisations réformistes des syndicats commençait à se ternir et pour pouvoir jouer leur rôle, il leur fallait redorer leur blason. Le nombre de syndiqués commençait à s'effriter et de ce fait une autre menace planait sur l'appareil syndical : celle de ne plus être reconnu par la bourgeoisie comme avocat patenté des travailleurs. Mise en présence d'une organisation syndicale affaiblie moins apte à canaliser un mécontentement ouvrier, alors même que celui-ci est déjà tempéré par la situation économique défavorable aux travailleurs en cette période de crise, la bourgeoisie pourrait trouver de moins en moins d'utilité de traiter avec les syndicats, et de moins en moins d'intérêt à leur offrir des possibilités légales dont elle pourrait économiser les frais.

Il est vrai qu'aujourd'hui on est loin d'en être là en rfa, car contrairement à ce qu'a prétendu l'ig metall, le gouvernement kohl, comme son prédécesseur à majorité social-démocrate, n'a jamais cessé le jeu des relations avec les syndicats, et ce que les syndicats nomment « la coalition du cabinet et du capital » a laissé agir les événements sans intervenir directement contre les syndicats. pour la bourgeoisie allemande les syndicats dans la période actuelle lui sont encore utiles à la domestication de la classe ouvrière et il ne se trouve outre-rhin guère de politiciens bourgeois pour le contester sérieusement.

Mais pour les directions syndicales, il ne s'agit pas d'attendre une situation où le péril serait déjà avancé, ni d'attendre d'avoir le dos au mur. Les fédérations de la métallurgie et de l'imprimerie ont préféré anticiper et ont estimé que sur l'objectif bien délimité des 35 heures et au moment où ils ont lancé la grève, celle-ci pouvait se dérouler dans des conditions qui leur soient favorables. L'étaient-elles également pour les travailleurs, et le bilan de la lutte est-il positif ?

Il faut pour répondre à cette question d'abord analyser quels ont été les résultats matériels objectifs tels qu'ils résultent du compromis passé entre le patronat et les syndicats.

L'accord signé dans la métallurgie fixe la durée du travail jusqu'au 30 septembre 86. Celui de l'imprimerie va jusqu'au 31 mars 87. L'un et l'autre fixent en même temps l'évolution à venir des salaires. Celui de la métallurgie règle leur évolution pour deux années consécutives 84 et 85, et ne peut conventionnellement être remis en question par la grève avant le 31 mars 86. Habituellement, les accords de salaires sont renouvelés annuellement. Les syndicats qui signent des accords avec les organisations patronales, s'interdisent en RFA de faire grève pendant la durée de ces accords. Cela signifie que dans la métallurgie et dans l'imprimerie, ils ont signé des engagements de « paix sociale » sur les horaires et sur les salaires qui couvriront de longues périodes à venir, et que ce n'est pas demain qu'ils vont repartir en grève ni pour les 35 heures, ni pour le maintien du pouvoir d'achat. A moins, bien sûr, que les travailleurs transgressent d'eux-mêmes les engagements syndicaux. Un des résultats de ces grèves aura donc été aussi le rallongement de l'engagement traditionnel de « paix sociale ».

L'accord conclu dans la métallurgie tel qu'il est publié dans le mensuel de juillet de la Confédération des syndicats allemands (D.G.B.), ne fixe les 38 h 30 que comme une moyenne. Il autorise les patrons à fixer les horaires de travail hebdomadaires entre 37 et 40 heures, l'horaire étant contrôlé mensuellement. Au cas où il s'est écarté des 38 h 30 par semaine, le patron doit passer un accord avec le conseil d'entreprise pour que l'horaire de 38 h 30 soit atteint, en moyenne, sur une période de deux mois.

L'entreprise aura la possibilité de moduler les temps de travail selon les secteurs, et même d'imposer des temps de travail différents d'un salarié à l'autre.

En plus, il restera la possibilité aux patrons d'avoir recours aux heures supplémentaires, qui sont autorisées dans la limite de 10 heures par semaine et de 20 heures par mois - et encore cette limite peut-elle être franchie par « concertation au sein de l'entreprise ».

Dans l'imprimerie, la souplesse offerte aux patrons est encore plus large : la seule limite est que la journée ne doit pas dépasser 10 heures. Sinon, le temps libre, conséquence de la réduction du temps de travail à 38 h 30 en moyenne par semaine, pourra être calculé sur la base d'un trimestre, d'un semestre, d'une année, sous forme de jours ou d'heures à récupérer. Il est même précisé que la « diminution du temps de travail avec partage inégal entre les différents jours ou les différentes semaines est autorisée pour des nécessités liées à l'entreprise ».

La presse souligne qu'ainsi les patrons ont obtenu de nouvelles possibilités légales d'adapter le temps de travail et les horaires à leurs besoins et aux fluctuations du marché.

Si une baisse de la semaine de travail de 40 heures à 38 h 30, bien que n'atteignant pas l'objectif des 35 heures, est incontestablement un résultat positif, les compensations accordées au patronat sur la souplesse et sur la flexibilité de l'horaire annulent par des inconvénients pour les travailleurs, le résultat obtenu. Et cela même si la réduction d'horaire est prévue sans réduction de salaire ce qui ne représente après tout, même aux dires du patronat qu'une augmentation de 3,9 %.

En réalité, il n'est absolument pas garanti qu'avec la diminution de l'horaire, le pouvoir d'achat des salaires soit maintenu, car en même temps que la fixation du temps de travail, la fixation de l'évolution des salaires ne garantit en rien que leur évolution globale soit dans le même rapport que celui de l'inflation. Pour 1984 et 1985, les pourcentages prévus sont plus faibles que ceux des années précédentes. Les salaires seront bloqués de janvier à mars prochains, ensuite augmentés de 2 % pour les 12 mois suivants. S'il est vrai que l'inflation semble se ralentir en RFA ces temps derniers -elle est officiellement de 2 pour les 12 derniers mois- rien ne garantit que cette tendance se maintiendra.

La réduction d'horaire sans perte de salaire n'étant pas immédiatement applicable, quelles seront alors en avril 85 les conditions économiques dans le pays ? Il n'est même pas impossible qu'à ce moment là du fait du chômage partiel, l'horaire pratiqué réel soit en dessous de celui prévu par la convention collective, ou que certains ateliers ou certaines entreprises soient en chômage partiel ou complet pendant que d'autres feront des heures supplémentaires.

Les patrons de la métallurgie n'ont en tous cas pas attendu ces échéances pour reprendre l'offensive dans les usines qui avaient été soit en grève, soit en chômage technique ou lock-outées, afin de récupérer la production perdue en mai et juin. Ils ont poussé aux heures supplémentaires (supplémentaires par rapport à l'horaire de 40 heures qui continue de s'appliquer pour l'instant). D'après le journal du syndicat de la métallurgie, Metall du 13 juillet, l'usine MAN de Mayence avait commencé dès juin à faire faire des heures supplémentaires dans certains ateliers, alors que d'autres avaient été mis au chômage technique. Pendant les vacances, Volkswagen a demandé des volontaires pour continuer à travailler ( Frankfurt Aligemeine du 13.07). Début septembre, chez Mercedes à Sindelfingen près de Stuttgart, la direction a demandé une heure supplémentaire chaque jour sur les chaînes pour l'équipe du soir, et une à deux heures dans une autre usine qui compte 3 200 salariés. Chez Audi, BMW et Porsche, c'est le travail du samedi qui a refait son apparition ( Spiegel 17.09.84). Dans l'entreprise Braun, le conseil d'entreprise a, d'après Metall, accepté quelques heures supplémentaires, avec une prime à la clé. A l'entreprise Bosh à Stuttgart, au contraire, le conseil d'entreprise a refusé les heures et les équipes supplémentaires en déclarant : « les patrons nous ont lock-outés partout, ils doivent maintenant en supporter les conséquences ».

Mais pour les travailleurs, les résultats d'une grève ne se jugent pas que du simple point de vue des avantages matériels qui en résultent. Un mouvement peut aussi être bénéfique par les avantages moraux que les travailleurs qui se sont mis en lutte peuvent en retirer. S'ils sortent renforcés dans leur combativité, même si les résultats matériels sont faibles ou nuls, le bilan d'une grève peut quand même être positif.

Savoir après la bataille, où en sont sur le plan du moral les travailleurs de la métallurgie et de l'imprimerie, ou celui du reste de la classe ouvrière de rfa, c'est ce qui nous est, de france, le plus difficile à apprécier.

L'IG Metall s'est félicité d'avoir « percé une brèche » dans le mur patronal des 40 heures. Sa revue, Metall, du 6 juillet se faisait lyrique : « le soleil des 35 heures n'est pas encore levé. Mais il envoie des rayons puissants dans les usines ». Dans un numéro du quotidien que l'IG Metall éditait pendant la grève, et diffusé juste avant la reprise du travail, elle se félicitait que, malgré les millions de chômeurs, le syndicat ait prouvé sa combativité.

Mais le point de vue de l'IG Metall, tant sur la manière dont s'est déroulée (et s'est achevée) la grève, que sur le compromis passé avec le patronat n'a pas fait semble-t-il l'unanimité.

La presse allemande a relaté qu'à Stuttgart, avant même la signature du compromis, les négociations avaient été interrompues par des travailleurs venus de plusieurs usines en grève avec des pancartes peu amènes pour le médiateur et le syndicat. Le secrétaire de district de l'IG Metall avait été sifflé et, « énervé » selon les journaux, il avait reporté la séance de négociation au lendemain.

Quelques articles de presse font état ensuite de mécontentements qui se sont exprimés parmi les travailleurs au moment où les syndicats ont proposé le vote de la reprise. L'hebdomadaire Die Zeit raconte à ce propos qu'à l'usine Behr (qui fabrique des radiateurs à Stuttgart), un travailleur déclare : « Ma voix, ils ne l'auront pas » et qu'un collègue ajoute : « Ils nous ont vendus ». L'ambiance n'aurait pas été plus favorable parmi les salariés de Daimler-Benz (Mercédès) à Sindelfingen près de Stuttgart, selon toujours Die Zeit : lors d'une réunion des grévistes, le dirigeant syndical fut accueilli aux cris de : « merde, merde, merde » et « capitulation » qui furent scandés pendant plusieurs minutes.

A l'usine triumph-adler, un travailleur qui s'apprêtait à voter « oui » à la reprise du travail a déclaré au journaliste de la frankfurter rundschau : « on ne peut pas être satisfait, le résultat est trop cher payé. il n'y a rien d'autre à faire que de vivre avec le compromis. il n'y aura pas plus » .

Selon les chiffres donnés par la presse, dans la métallurgie, 54,2 % des votants de la région de Stuttgart et 52,39 % dans la région de Francfort (c'était les deux régions concernées par la grève), ont voté pour la reprise. Ce qui est loin d'être une majorité écrasante.

Dans l'imprimerie, le vote s'est déroulé alors que la métallurgie avait déjà repris le travail et qu'un certain nombre de travailleurs des imprimeries étaient déjà partis en vacances. Il n'y eut quand même pas plus de 60 % de votes favorables à la reprise.

Sur 52 388 travailleurs qui étaient appelés à voter, 80,2 % se sont prononcés et 38,4 %, soit 16 153 ont voté contre la reprise. Dans les deux grandes imprimeries de Francfort qui avaient fait plus de trois semaines de grève (alors que d'autres imprimeries n'ont été que quelques jours ou pas du tout touchées par le mouvement des grèves tournantes), la proportion de voix pour la reprise du travail (49,1 % et 54,6 %) fut nettement inférieure à la moyenne (59,4 %).

Alors que les syndicats appelaient nettement à ratifier le compromis discuté avec les patrons, le fait qu'il y ait eu 40 % voire localement 50 % de travailleurs qui expriment leur refus, montre bien que le poids des syndicats pour arrêter le mouvement, a pesé contre celui des travailleurs. Les syndicats se sont refusé d'aller au bout des possibilités que leur avait offert la mobilisation des travailleurs, et ils ont délibérément choisi de signer un compromis qui laisse beaucoup de travailleurs insatisfaits.

On peut cependant penser que ces grèves ont permis à une fraction de la classe ouvrière qui - et c'est le cas dans la métallurgie - n'a pas connu de grève depuis parfois 25 ans, de sentir à la fois qu'elle était une force et qu'elle pouvait par la lutte jouer un rôle important. Cette expérience-là suffit peut-être à faire qu'une fraction des travailleurs sortent de cette lutte moralement renforcés.

Mais d'un autre côté, dans un certain nombre d'entreprises, on l'a vu, la reprise s'est déroulée dans l'amertume et des travailleurs ont montré qu'ils étaient mécontents, voire furieux. Nous ne savons pas si c'est parce qu'ils espéraient un compromis plus avantageux ou si c'est parce qu'ils voulaient continuer à se battre et reprochaient aux syndicats de n'avoir pas été assez offensifs sur le terrain de la grève. Tout ce que nous pouvons constater, c'est qu'il s'est trouvé une fraction de travailleurs suffisamment regonflés par la grève pour avoir envie de continuer, qui ont été mécontents de l'attitude des syndicats. Ce qu'ils n'ont pas pu traduire par une action concrète.

Même lorsqu'ils organisent des grèves, les syndicats veillent toujours à ce que l'initiative reste entre leurs mains et que les travailleurs n'aient pas les moyens d'influer sur leurs décisions.

C'est ainsi que dans les mouvements pour les 35 heures ils ont limité au maximum les initiatives des travailleurs qui n'ont été maîtres de décider ni du début ni de la fin du mouvement, ni non plus de son étendue. C'est même les seules directions syndicales qui ont choisi qui aurait le droit de voter pour ou contre la grève en décidant des lieux où la consultation devait avoir lieu. Parmi ceux qui avaient eu la possibilité de la voter, seul un petit nombre ont été autorisés à la déclencher, les autres devant subir soit le chômage technique, soit le lock-out en fonction des répliques des patrons.

Restait à la minorité des grévistes la possibilité de s'inscrire aux piquets de grève organisés par les syndicats, de participer à une ou plusieurs manifestations de leur initiative, de se réunir à l'occasion du versement des indemnités de grève par la caisse du syndicat, et finalement d'attendre de voter une nouvelle fois après que la direction ait estimé positif le compromis accepté par le syndicat.

Il est certain que les directions syndicales veulent pouvoir rester maîtresses du début à la fin des mouvements qu'elles ont déclenchés, et qu'elles se prémunissent contre toute éventualité de débordement. Le fait que dans leurs statuts figure par exemple l'obligation d'avoir une majorité de 75 % pour déclencher la grève, et de pouvoir ordonner la reprise avec seulement 25n % de suffrages favorables, montre assez qu'il s'agit de leur préoccupation de longue date, sinon de toujours.

C'est bien parce que la grève fait partie de leur arsenal que les appareils syndicaux ont ces préoccupations. Car être réformistes, cela n'implique pas pour eux de se contenter toujours et à jamais de la discussion. Tout conservateurs que soient les syndicats, pour jouer leur rôle d'amortisseurs de la lutte des classes avec efficacité, il faut qu'ils soient capables de mettre en branle la classe ouvrière dans certaines conditions. C'est ce que viennent de démontrer une nouvelle fois les syndicats allemands.

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