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- Lutte ouvrière n°2928
- Vencorex – Pont-de-Claix : 5 000 emplois menacés
Dans les entreprises
Vencorex – Pont-de-Claix
5 000 emplois menacés
Le 6 septembre, la société Vencorex, dont le principal site est la plateforme chimique de Pont-de-Claix, dans l’agglomération grenobloise, s’est déclarée en cessation de paiement, faisant planer la menace de plusieurs milliers de suppressions d’emplois.
Depuis des années, les travailleurs redoutaient une telle annonce au vu de la vétusté des installations, des suppressions de postes et de la guerre permanente à laquelle se livrent les industriels de la chimie à l’échelle du monde.
Créée pour alimenter le front en armes chimiques en 1916, l’usine est depuis 2012 dans le giron du groupe pétrochimique d’État thaïlandais PTT-GC. Les effectifs de la plateforme dont les activités avaient été vendues à la découpe à sept entreprises à partir de 1997 ont été ramenés de plus de 3 000 salariés à 600, dont 450 chez Vencorex, auxquels s’ajoutent ceux des entreprises extérieures et des sous-traitants. Ses produits alimentent les secteurs de l’automobile, de la construction, du bâtiment, de l’électronique et de la peinture.
La quasi-totalité des emplois sont aujourd’hui menacés, les autres entreprises de la plateforme dépendant de la production de Vencorex. En outre, plusieurs centaines de travailleurs de la plateforme chimique de Jarrie, située à une dizaine de kilomètres, seraient touchés. L’usine d’Arkema en dépend en effet dans une large mesure. Elle fournit à son tour l’usine voisine de Framatome, et celle de Roussillon, dans la vallée du Rhône. La saignée pourrait être de 5 000 emplois directs et indirects.
Vencorex justifie sa décision par des pertes cumulées ces dernières années, un fort niveau d’endettement et surtout la concurrence chinoise, accusée d’inonder le marché à bas prix. Elle prétend avoir comme « seul objectif » de « protéger l’entreprise et ses salariés ». À d’autres ! Sa décision est la conséquence de l’évolution des rapports de forces à l’échelle mondiale entre les grands trusts de la chimie et entre les États qui en défendent les intérêts à coups de subventions ou de mesures protectionnistes. Et l’opacité des contrats et des comptabilités permet de couvrir tous les coups bas.
Alors, pourquoi les travailleurs devraient-ils être les victimes de cette lutte à mort entre vautours du capital ? Sur le site de Pont-de- Claix, ils ont déjà connu les vagues de licenciements, des accidents mortels et les contaminations par l’amiante durant des décennies en toute impunité pour les patrons. Passés de groupe en groupe au fil du temps, beaucoup de travailleurs sont conscients que par leur travail ils ont enrichi des générations d’actionnaires et que les sommes amassées ont été placées à l’abri des coffres-forts ou dans d’autres secteurs, jugés plus rentables.
Jusqu’à présent, les organisations syndicales, relayées par des élus, en appellent aux pouvoirs publics, aux députés et à la mise en place d’un comité de pilotage. La CGT du site demande à l’État de « protéger ses entreprises » et reproche à l’Europe de trop les taxer « en agitant la bannière de l’écologie ». Ce n’est pas de cette source que peut venir le salut, d’autant que les financements publics ont toujours coulé à flots... dans les poches patronales. Et si des tuyaux et des norias de camions relient plusieurs entreprises de la chimie, ceux qui y travaillent peuvent créer entre eux des liens autrement plus solides basés sur leur communauté d’intérêts face à leurs exploiteurs.