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Dans le monde
Ukraine
Trump ou l’impérialisme sans fard
Au sortir de la Première Guerre mondiale, Anatole France avait écrit : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels. » Les Ukrainiens viennent d’en avoir une brutale confirmation.
En effet, le 10 février, Trump a déclaré sur Fox News qu’il conditionnait la poursuite de l’aide américaine à l’Ukraine à ce que celle-ci lui cède pour 500 milliards de dollars de terres rares.
Ces terres rares sont en fait 17 métaux indispensables à des secteurs industriels représentant une part notable de l’économie mondiale : le numérique (portables, écrans), l’énergie (voitures électriques, éoliennes en mer), le médical (robots, appareils) et l’armement. Malgré leur nom, ces terres rares se trouvent en abondance sur terre et sous la mer. Mais seule une poignée de pays, dont la Chine, qui détient 60 % du marché mondial, exploitent ces métaux stratégiques car leur extraction et surtout leur traitement nécessitent d’énormes investissements.
Les États-Unis occupent la deuxième place en ce domaine, mais loin derrière la Chine. En octobre dernier, leurs dirigeants ont donc vu une aubaine dans l’annonce d’un « plan de paix » appétissant pour leurs industries, friandes de terres rares, que Zelensky avait concocté. Il proposait à ses « partenaires » dans la guerre avec la Russie, un « accord spécial » prévoyant « l’exploitation commune des ressources stratégiques », dont « l’uranium, le titane, le lithium, le graphite et d’autres ressources de grande valeur ».
Cela a si bien intéressé le « partenaire » américain qu’il réclame, pour ses grands groupes, l’exclusivité de l’exploitation de ces ressources. Et tant pis pour les « partenaires » européens qui n’auront que ce dont les trusts américains ne voudront pas !
Dans l’hypothèse où Zelensky n’aurait pas saisi qu’il n’avait guère le choix, Trump lui a mis les points sur les i. Dans l’interview à Fox News, il a lâché : « Les Ukrainiens pourraient se retrouver russes un jour comme ils pourraient ne pas être russes un jour. » En somme, leur avenir ne dépendra que du bon vouloir de Washington.
Trump a ajouté qu’une « partie de ces ressources minérales se trouvent en zone occupée » par l’armée russe, ce qui était encore une façon de menacer son « allié » ukrainien : vu la progression constante des troupes russes, Kiev risque bientôt de ne plus avoir que peu de terres rares à marchander. Et, dans ce cas, la Maison Blanche pourrait négocier la future exploitation de ces métaux stratégiques plutôt avec le Kremlin. Trump a d’ailleurs reconnu avoir discuté récemment avec Poutine, et que ce n’est pas la première fois.