Turquie : inflation et répression05/02/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/02/une_2949-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Turquie

inflation et répression

En Turquie, moins d’un an après la défaite du parti AKP du président Recep Tayip Erdogan aux élections municipales, ce dernier est en délicatesse pour maintenir son pouvoir, dans un contexte de crise économique et d’inflation qui frappe sévèrement la population.

Officiellement de 40 %, l’inflation dépasse 80 % et des millions de personnes ont du mal à joindre les deux bouts. De plus en plus nombreux sont ceux qui ne peuvent plus payer les loyers ou les factures, malgré la hausse de 30 % du smic concédée par Erdogan au 1er janvier. Le nombre de morts au travail demeure important en raison de la technologie arriérée et des installations défectueuses. De nombreuses explosions dues au gaz se sont produites, et dans de petits ateliers ou lors de travail à domicile, les accidents, mortels parfois, sont fréquents.

Cela n’empêche pas la classe ouvrière de réagir. Le 14 décembre, deux mille travailleurs de dix usines de la métallurgie ont décidé de faire grève. Erdogan ayant interdit cette grève, les travailleurs sont passés outre et, au bout de plusieurs jours, ont obtenu plus de 80 % d’augmentation des salaires. Aucune sanction ne leur a été signifiée. Plus récemment, le patron de Renault à Bursa, pour faire des économies, a décidé de baisser le chauffage et même de diminuer les portions servies à la cantine. Il a dû reculer devant la réaction des travailleurs.

En parallèle, le pouvoir tente de se maintenir politiquement en initiant un rapprochement avec le parti prokurde DEM. Il y a quelques mois, le principal associé d’Erdogan au gouvernement, le dirigeant du parti d’extrême droite MHP, notoirement antikurde, a créé la surprise en allant serrer la main des députés du DEM ; depuis, le rapprochement de celui-ci avec le pouvoir se poursuit, même sur un rythme plus lent. Pour tenter de se maintenir dans la période qui vient, Erdogan pourrait bien avoir besoin de l’appui du DEM, et surtout des voix des électeurs kurdes.

L’arbitraire et la répression ne disparaissent pas pour autant de la politique du président. Des élus de l’opposition, maires de grandes villes, ont été arrêtés sous des prétextes divers. Début février, celui qui apparaît comme le principal opposant d’Erdogan, le maire social-démocrate d’Istanbul Ekrem Imamoglu, a été convoqué au Palais de justice de sa propre ville. Des journalistes, des blogueurs, sont victimes d’arrestations, et enfermés pour de longs mois. Le nombre de prisonniers étant passé de 272 000 en 2021 à 342 000 en 2023, les prisons sont pleines à craquer.

Construire d’autres prisons est la solution, pour Erdogan. C’est ignorer l’histoire car c’est aussi là que, bien souvent, se construisent les partis révolutionnaires.

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