RDC : les grandes puissances responsables du chaos05/02/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/02/20221019-img-mines-cobalt-congo-001.jpg.420x236_q85_box-0%2C134%2C1200%2C809_crop_detail.jpg

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RDC

les grandes puissances responsables du chaos

Depuis le 27 janvier, en République démocratique du Congo (RDC), le groupe armé M23 s’est emparé de la ville de Goma et, alors que des millions de réfugiés sont menacés par la faim, la guerre ou le choléra, les diplomates occidentaux s’agitent.

Illustration - les grandes puissances responsables du chaos

Se prévalant d’un « consensus général sur la nécessité de parvenir à faire cesser les hostilités », Macron suivrait la situation avec attention. Il n’est donc pas inutile de rappeler que la France est une des premières responsables du chaos qui ensanglante depuis 30 ans la région Est de la RDC, suite au génocide des Tutsis au Rwanda.

En 1994, le régime génocidaire hutu fut soutenu jusqu’au bout par la France, présidée par le socialiste Mitterrand. L’impérialisme français craignait alors d’être supplanté par ses rivaux anglo-américains qui appuyaient, eux, le Front patriotique rwandais de Paul Kagame. Battues après avoir massacré un million de Tutsis, les troupes génocidaires rwandaises passèrent avec leurs armes au Zaïre, l’actuelle RDC, se fondant dans la masse des centaines de milliers de civils qui fuyaient les massacres. Ce fut alors le Zaïre qui bascula dans des guerres, qui depuis n’ont jamais cessé.

Les dirigeants occidentaux ne manquent jamais d’attribuer ces guerres à la corruption des dirigeants africains ou aux rivalités ethniques. Macron, en 2023 à Kinshasa, a osé déclarer : « Vous n’avez pas été capables de restaurer la souveraineté, ni militaire ni sécuritaire. Il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur. » Cette morgue nourrit la colère légitime des peuples africains contre la domination impérialiste, qui est la première responsable de ces guerres. Elle explique que des ambassades occidentales aient été récemment attaquées à Kinshasa.

Les rivalités entre ethnies, elles aussi, sont les conséquences de cette domination. Car si le M23, surtout composé de Tutsis congolais, est l’héritier d’une milice créée contre les extrémistes hutus venus du Rwanda, ces deux ethnies ont été définies par les colonisateurs allemands puis belges. Après l’indépendance du Rwanda en 1973, les dirigeants français n’ont eu aucun scrupule à s’appuyer dans ce pays sur les gouvernements favorisant les extrémistes hutus, jusqu’à ce qu’ils provoquent le génocide de 1994 contre les Tutsis.

Aujourd’hui, ces conflits entre bandes armées explosent sur fond d’une course effrénée pour le contrôle des minerais, et ils s’en nourrissent. Le cuivre et le cobalt du Katanga enrichissent des entreprises chinoises et surtout le trust anglo-suisse Glencore. Une filiale du français Bouygues exploite une des plus grandes mines d’or du continent, propriété de BarrickGold et Anglo-Gold dans le Nord-Est de la RDC. Des affairistes belges ou anglais contrôlent l’exportation du coltan, du tungstène et de l’étain, que des creuseurs misérables extraient avec des barres à mine et des pioches, dans des mines contrôlées par les milices. Ces minerais partent vers les fonderies d’Asie et alimentent les chaînes d’approvisionnement des géants Apple, Motorola, Samsung, Dassault ou Thales. Ce pillage nourrit leurs profits et maintient la région dans le sous-développement. En 2022, Glencore affichait 17 milliards de dollars de profits, l’équivalent du budget de l’État congolais.

Les rivalités entre les puissances impérialistes, entre leurs groupes financiers pour le contrôle des richesses du continent africain nourrissent les conflits et sèment le chaos. La barbarie n’est pas une tare congénitale de l’Afrique : elle est un produit d’exportation impérialiste, au même titre que le fusil d’assaut et le lance-roquette.

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