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- Lutte ouvrière n°2950
- Maroc : pour la défense du droit de grève
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Maroc
pour la défense du droit de grève
Au Maroc, les 5 et 6 février, les principaux syndicats du pays appelaient à la grève générale contre une nouvelle loi qui s’attaque au droit de grève.
Si des débrayages ont eu lieu dans certaines entreprises privées, chez Renault à Casablanca et Tanger, ou dans le secteur minier, c’est dans le secteur public, l’administration, l’éducation, les collectivités locales et la santé que les travailleurs se sont le plus mobilisés. Les syndicats, qui qualifient cette grève d’historique, ont annoncé un taux de participation de 85 %, chiffre que le gouvernement s’est empressé de contester.
Cette attaque intervient alors que la flambée des prix alimentaires qui érode le pouvoir d’achat alimente le mécontentement populaire. Celui-ci est aussi nourri par la rapacité de nombreux patrons qui ne respectent même pas la hausse de 10 % du salaire minimum, qui avait fait l’objet d’un accord entre syndicats et gouvernement. Alors que le patronat profite du chômage de masse qui affecte 37 % des moins de trente ans pour imposer ses conditions, cette attaque contre le droit de grève lui laisse les mains encore plus libres pour mettre au pas les travailleurs les plus combatifs.
Les syndicats se plaignent de ne pas avoir été consultés, mais semblent loin de vouloir engager vraiment la bataille. Ainsi, Allal Baba Lahcen, secrétaire général de la fédération des transports aériens de l’UMT, le principal syndicat, s’est voulu « responsable » et s’est vanté d’avoir évité le blocage du pays : « La mobilisation a été à presque 100 %, mais suite à plusieurs interventions pour ne pas bloquer les avions, nous avons décidé de ne pas mener une grève. »
Les travailleurs et les militants combatifs sont prévenus : pour se défendre, ils devront compter avant tout sur la puissance de leurs propres mobilisations et leur capacité de les contrôler.