Logement : demande en hausse, construction en baisse12/02/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/02/P5-1_logement_C_Maxime_Jegat.jpg.420x236_q85_box-0%2C92%2C1771%2C1090_crop_detail.jpg

Leur société

Logement

demande en hausse, construction en baisse

L’impossibilité pour le capitalisme de résoudre la crise du logement saute aux yeux à la lecture du trentième rapport annuel de la Fondation pour le logement des défavorisés, ex-Fondation Abbé Pierre.

Illustration - demande en hausse, construction en baisse

« La crise du logement et la crise sociale n’ont jamais été aussi fortes avec 350 000 personnes sans domicile et 11,2 millions de personnes en situation de pauvreté, un accès au logement social en baisse et des expulsions en hausse », résument les auteurs du rapport. Quant à Mayotte, avant même le cyclone, 28 % des logements y étaient privés d’eau courante et quelque 100 000 pauvres étaient réduits à habiter des bidonvilles. Ils n’ont été pris en compte que pour les expulser hors de l’île ou vers des hébergements encore plus précaires, en prise directe avec le cyclone ! Mais les 735 personnes mortes dans la rue en métropole l’an dernier, recensées par un collectif qui tentait de leur venir en aide, ne comptent pas davantage.

Aucune solution n’est en vue car le marché de la construction est en berne, avec 263 000 logements mis en chantier en 2024 après 287 000 en 2023 et 368 000 en 2022. Alors que la demande de HLM explose, les logements dits sociaux disponibles se raréfient, et encore davantage ceux à loyer accessible. De plus, un marché immobilier florissant ne signifie pas des logements pour les familles populaires. Par exemple, en 2007, le nombre de constructions avait atteint des sommets pendant trois années consécutives, soit près du double des mises en chantier actuelles. Mais, en fait, l’investissement locatif privé, dopé d’avantages fiscaux considérables, enfantait des constructions « inaccessibles à la plus grande partie des demandeurs de logements ». Cette spéculation immobilière entraînait une augmentation du prix des terrains, préjudiciable à la construction sociale. Et dans 80 % des constructions de HLM, les loyers étaient encore au-dessus des moyens des personnes en attente.

Depuis lors, la précarité s’est accrue et les 203 000 hébergements d’urgence sont bien insuffisants. Chaque soir, entre 5 000 et 8 000 personnes à la rue, dont 1 000 à 3 000 enfants, ne trouvent pas de place, et encore s’agit-il uniquement de celles qui ont réussi à joindre le 115 ou n’ont pas renoncé à le faire. L’argent consacré à l’hébergement d’urgence a diminué et les chances d’accéder à un logement se réduisent également car l’État prélève plus d’un milliard d’euros par an sur les organismes d’HLM, entraînant une augmentation des loyers et un ralentissement des constructions.

Pour renverser la vapeur, les travailleurs ne peuvent compter ni sur les lois du marché ni sur l’État. Comme l’écrivait déjà Friedrich Engels, il y a un siècle et demi : « Aussi longtemps que subsistera le mode de production capitaliste, ce sera folie de vouloir résoudre isolément la question du logement ou tout autre question sociale concernant le sort de l’ouvrier. »

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