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Dans les entreprises
Lidl
des travailleurs en colère
Vendredi 7 février, plusieurs milliers de travailleurs des entrepôts et magasins Lidl ont fait grève, répondant à un appel de quasiment tous les syndicats après l’annonce d’une augmentation de seulement 1,2 % des salaires, donc inférieure à l’inflation officielle.
La grève a touché 300 magasins et plusieurs dizaines de dépôts. Sur les 46 000 salariés de Lidl France, ce sont ainsi plusieurs milliers de travailleurs qui y ont participé, en particulier dans le Sud-Ouest. Si l’augmentation minable annoncée par la direction a servi de déclencheur, les grévistes en ont profité pour dénoncer des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader.
En Moselle, les Lidl de Forbach, Creutzwald, Sarreguemines et Hambach ont baissé le rideau et les piquets de grève étaient dynamiques. Des pancartes dénonçaient par exemple « Les 5 fruits et légumes de Lidl : on est pressés comme des citrons ; il faut toujours appuyer sur le champignon pour faire le travail de deux ; on nous raconte souvent des salades ; on compte pour des prunes ; et avec tout ça on doit garder la banane pour accueillir le client. »
Lidl a bien tenté de garder certains magasins ouverts, comme celui de Moncel-lès-Lunéville (Meurthe-et-Moselle) où treize chefs ont été dépêchés pour remplacer... quatre employés. En soi, c’était l’aveu du sous-effectif quotidien. Sur la plate-forme logistique voisine de Gondreville, dont la quarantaine de salariés était en grève, les travailleurs ont raconté comment, au secteur sec, ce sont 1 283 colis par jour qu’il faut manipuler soit, avec une moyenne de six kilos par carton, sept tonnes par jour et par opérateur. Depuis 2022 seulement, près de 2 000 départs au total n’auraient pas été remplacés selon une déléguée centrale FO.
Les grévistes s’opposent aussi à la décision de Lidl d’ouvrir l’ensemble des magasins les dimanches matin à partir du 1er juin. La semaine de travail s’étale déjà sur six jours et, bien souvent, ils découvrent des changements de leurs horaires la veille pour le lendemain, au détriment de leur vie personnelle. L’ouverture le dimanche reviendrait donc à mettre ce jour-là aussi à la disposition du patron.
Le choix de faire grève dans des magasins qui comptent souvent moins de dix salariés n’est pas facile. Mais la minorité active qui s’est manifestée le 7 février a obligé la direction nationale de Lidl à convoquer une réunion sur les salaires et les conditions de travail le 14 février.
Lidl est un géant mondial de la distribution dont le chiffre d’affaires s’élevait, tous pays confondus, à 125,5 milliards d’euros en 2023, en hausse de 9,4 %. C’est dire si l’argent existe pour imposer des conditions de travail et de salaire dignes.