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Honduras
Trump et son ami le trafiquant
« Il a été traité de manière très dure et injuste », a déclaré Trump avant de gracier le 30 novembre l’ancien président du Honduras, Juan Orlando Hernandez, incarcéré aux États Unis depuis 2024.
Hernandez commençait juste à purger sa peine après avoir été condamné à 45 ans de prison par un tribunal de New York. Il avait été reconnu coupable d’avoir utilisé l’armée et la police honduriennes pendant son mandat pour acheminer vers le Nord des cargaisons de drogue en provenance de Colombie, transformant ainsi son pays en « autoroute de la drogue », en étroite collaboration avec le cartel mexicain de Sinaloa et son parrain « El Chapo » Guzmán.
Cette grâce présidentielle intervient au moment même où Trump laisse planer le doute sur une intervention militaire au Venezuela, en vue de faire chuter le président Maduro, dénoncé comme un trafiquant de drogue.
Trump se permet tout, c’est certain, mais il n’est pas fou. Il entend mettre au pas tous les régimes d’Amérique centrale et du Sud et cela passe, au Honduras, par le soutien appuyé, quelques jours avant le premier tour des élections présidentielles, au candidat de droite du Parti national, de l’ancien président condamné.
Depuis 2022, le Honduras, petit pays d’Amérique centrale de 11 millions d’habitants, où quelques richissimes familles dominent une population dont les deux tiers vivent en dessous du seuil de pauvreté, est en effet gouverné par la gauche. La présidente sortante, Xiomara Castro, a apporté son soutien à plusieurs reprises à Maduro et critiqué la politique impérialiste des États-Unis. En réponse aux expulsions récentes de migrants honduriens par Trump, elle a même menacé de fermer la base américaine de Soto Cano, centre de toutes les activités anticommunistes des États-Unis dans la région depuis les années 1980, ayant notamment servi de base arrière aux Contras nicaraguayens.
Avant même de gracier l’ancien narco-président, Trump a menacé de suspendre toute aide financière au Honduras si « son » candidat, celui du Parti national, Nasry Asfura, n’était pas élu. Il a déclaré que si « Asfura remporte l’élection présidentielle au Honduras, les États-Unis lui accorderont tout leur soutien, car ils ont une grande confiance en lui » et qu’il ne pourrait pas travailler avec la candidate de gauche, l’ancienne ministre Rixi Moncada « et les communistes ».
Dans un pays où un tiers des revenus proviennent des « remesas », les envois d’argent des migrants travaillant aux États-Unis à leur famille, le chantage a pu fonctionner. La gauche semble avoir été distancée par les deux candidats de droite, arrivés en tête au coude-à-coude, alors que seuls un peu plus de la moitié des bulletins avaient pu être dépouillés 48 heures après le scrutin. Il faut dire qu’une vidéo récente montrait les liens de la famille de la présidente de gauche – elle aussi – avec les principaux cartels.
L’utilisation du prétexte de la lutte contre la drogue pour s’attaquer aux mouvements de gauche n’est pas nouvelle. C’était déjà le cas avec le « plan Colombie » dans les années 2000, pour éliminer la guérilla des FARC. Loin de lutter contre les cartels, les dirigeants américains les avaient en fait renforcés.