Handicap : une loi… sur le papier12/02/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/02/une_2950-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Handicap

une loi… sur le papier

Le 10 février, à l’appel du collectif Handicaps, qui regroupe 54 associations, des centaines de manifestants se sont rassemblés à Paris, réclamant l’application, d’une loi votée vingt ans plus tôt.

Écoles, bibliothèques, hôpitaux, mairies, cinémas, théâtres, grandes surfaces, restaurants… les établissements recevant du public ne sont pas, pour moitié d’entre eux, accessibles aux personnes souffrant d’un handicap, vingt ans après la loi qui devait en faire obligation et un demi-siècle après une première loi sur le même sujet.

Quelques progrès en matière de scolarisation des enfants handicapés ont certes été faits : seuls 120 000 d’entre eux étaient scolarisés en « milieu ordinaire » en 2005, contre 490 000 aujourd’hui. Mais, outre que ces progrès sont lents, c’est le moins qu’on puisse dire, un grand nombre de ces jeunes n’ont en fait accès qu’à quelques heures d’enseignement hebdomadaire.

La loi sur le handicap de 2005 imposait l’accessibilité de 100 % des logements neufs, et celle des logements existants lorsque des travaux y étaient faits. Mais cette injonction avait tout de suite été contournée jusqu’à ce qu’elle soit carrément contestée en 2018 par une loi ELAN, dont les deux premières lettres sont pour « évolution du logement ». La part de logements pleinement accessibles dans les constructions neuves y était réduite à 20 %, tandis que les 80 % restant étaient désormais « évolutifs » : ils pouvaient devenir accessibles ultérieurement « par des travaux simples ». Les travaux en question peuvent en réalité s’avérer fort complexes et atteindre 30 000 euros en nécessitant l’intervention de sept corps de métiers différents ! Il existe bien des aides, mais elles laissent souvent un reste à charge beaucoup trop lourd et la nécessité d’avancer l’argent conduit à l’abandon de nombreux projets. Peu importent les conséquences, tant pour ceux qui souffrent d’un handicap que pour les aidants et le personnel intervenant à domicile !

Une estimation chiffre à 221 000 le nombre de personnes qui vivent dans un logement inadapté à leur handicap ou qui rencontrent des difficultés pour sortir seules de chez elles, voire ne le peuvent pas du tout, notamment parce qu’elles vivent dans un immeuble sans ascenseur ou quand celui-ci est en panne. On verra si le projet de loi visant à raccourcir les délais de réparation des acenseurs aboutit à quelque chose, alors qu’il rencontre déjà l’hostilité des sociétés concernées.

Un handicap dont il faudra se débarrasser, c’est celui d’une société dans laquelle un petit nombre de promoteurs et d’entreprises du bâtiment n’hésitent pas à passer par-dessus des lois ou à faire changer les dispositions concrètes qui gênent leurs profits.

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