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Dans le monde
Essais nucléaires français
retombées coloniales au Sahara
Soixante-cinq ans après le premier essai nucléaire français dans le Sahara, le 13 février 1960, les autorités algériennes ont annoncé la préparation d’une « loi criminalisant le colonialisme français en Afrique ». Elles visent en particulier les conséquences des essais nucléaires menés par la France dans le désert algérien.
Entre 1960 et 1966, la France a mené 17 essais dans le Sahara algérien, les poursuivant même après l’indépendance de 1962. Encore aujourd’hui, des débris d’avions et de tanks et, surtout, des déchets radioactifs, qui ont une durée de vie de 24 000 ans, polluent cette zone du désert.
L’Algérie estime à 30 000 le nombre de personnes ayant subi les conséquences de ces essais. Le nombre exact de victimes n’est pas connu, car s’il est certain que les déchets et poussières radioactives provoquent des cancers et des malformations congénitales, la France n’a jamais ni organisé de suivi médical, ni mené d’enquête sérieuse, ni même fourni à l’Algérie de cartes précises des zones touchées.
En 2007, Sarkozy avait accepté la mise en place d’un comité algéro-français pour recenser les sites pollués et proposer un plan de réhabilitation, mais il n’a abouti à rien. En 2014, sous Hollande, un nouveau groupe de travail fut créé, sans plus de résultat. Un Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires en Polynésie et en Algérie a bien été lancé en 2010, mais un seul Algérien, sur 1 739 dossiers déposés, a réussi à obtenir une indemnisation. Il s’agit d’un militaire ; aucun civil n’a réussi à obtenir de reconnaissance, notamment parce que les dossiers sont très difficiles à constituer.
La remise en lumière actuelle de ce scandale par l’État algérien s’inscrit dans le contexte des tensions diplomatiques entre les deux pays, depuis la reconnaissance par Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Ainsi, à l’occasion du 65e anniversaire du premier essai, l’Assemblée nationale algérienne a organisé une journée d’étude sur les « crimes nucléaires » français. Les dirigeants algériens réclament que la France fournisse toutes ses archives, qu’elle décontamine entièrement les sites touchés, qu’elle collecte et enfouisse définitivement les déchets et indemnise les victimes.
Ce serait la moindre des choses. Mais après avoir pollué le désert, rendu malades des dizaines de milliers d’habitants du Sahara, le refus des gouvernements français de rendre des comptes illustre leur mépris colonial persistant envers la population algérienne.