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- Lutte ouvrière n°2950
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Leur société
Droit du sol
une remise en cause scandaleuse
La remise en cause du droit du sol à Mayotte a offert à la droite et à l’extrême droite une tribune pour mettre en cause ce droit sur l’ensemble du territoire.
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Pour ne pas être en retard dans la démagogie, Bayrou a promis un débat sur « l’identité française ». Quant à Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, il a déclaré que ce sujet n’était pas tabou ! Mais, contrairement aux mensonges de tous ces politiciens, ce n’est pas parce que les expulsions sont en hausse de 26,7 %, et qu’il y a moins de régularisations, que la situation du reste de la population s’améliore. Les licenciements massifs, la pauvreté qui monte n’ont en effet rien à voir avec la présence ou non de travailleurs étrangers, mais tout à voir avec la cupidité des capitalistes. Alors, il est de plus en plus nécessaire, quand on veut faire diversion, d’agiter les préjugés contre les étrangers.
Nombre de parents d’origine étrangère espèrent que leur enfant né en France acquerra la nationalité sans trop de problèmes. En réalité, ces dernières années, des obstacles ont été inventés pour limiter l’accès à la nationalité des enfants nés sur le territoire. Rendre cette naturalisation encore plus aléatoire reviendrait à maintenir une épée de Damoclès au-dessus de la tête des travailleurs immigrés, en les rendant plus précaires face à l’exploitation des patrons, des logeurs, etc.
La logique humaine voudrait que tout enfant né dans le pays, comme toute personne y résidant depuis quelques mois et participant au travail commun, ait les mêmes droits que les autres habitants. Mais la logique humaine n’a rien à voir avec celle des gouvernants. Pour Gérald Darmanin, l’actuel ministre de la Justice, « Il faut vouloir être Français », et « il faut peut-être parler sa langue et connaître son histoire » pour « mériter la nationalité ».
Mais que signifie « être Français » aujourd’hui ? Discuter de cela en termes d’« identité » n’a aucun sens. Un patron et en particulier un grand patron, tel Bernard Arnault, n’a même pas besoin de prouver qu’il est bien français pour recevoir des subventions de l’État en plus des compliments d’un Bardella. Il a même le droit de s’exprimer dans les médias pour se plaindre de payer trop d’impôts dans le pays. Mais, en revanche, pour nombre de travailleurs, avoir la nationalité n’empêche nullement de subir des conditions de travail qui se dégradent, de se faire licencier voire jeter à la rue. Que signifie concrètement le droit du sol quand on est expulsé de son logement faute de pouvoir payer un loyer ?
Les travailleurs, qu’ils aient ou non les mêmes papiers, ont en commun leur identité de classe. Ensemble, ils font tourner toute la société. Et quand les capitalistes s’en prennent à certains, c’est la vie de tous qui se dégrade.