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- Budget 2024 : la feuille de route du Medef
Leur société
Budget 2024
la feuille de route du Medef
« Je ne vais pas alourdir encore l’impôt sur l’ensemble des Français […], ni sur les gens les plus modestes, ni sur les gens qui travaillent, ni sur les classes moyennes », a déclaré Michel Barnier.
Le nouveau Premier ministre dit qu’il n’exclut pas que « les personnes les plus fortunées participent à l’effort national » par des « prélèvements ciblés » qui toucheraient aussi « certaines grandes entreprises ». C’est de la poudre aux yeux.
Selon le nouveau ministre de l’Économie, « la France a un des pires déficits de son histoire ». Et ce gouvernement a annoncé qu’il a 40 milliards d’euros d’économies à trouver. Ceux qui croiraient que cette somme sera prise dans la poche des plus riches n’ont qu’à écouter et lire les déclarations du patron du Medef, Patrick Martin, pour comprendre ce qui se prépare.
Celui-ci a formulé des propositions très concrètes, comme s’il dictait au gouvernement sa politique fiscale : il faudrait d’abord s’attaquer à la « fraude sociale » – traduire : prendre dans la poche des chômeurs et des personnes au RSA – puis au système de santé où, selon lui, 8 % des effectifs administratifs seraient en trop. Il évoque aussi la « surréglementation » qui coûterait 60 milliards. Il faut comprendre qu’il souhaite que l’État cesse de gaspiller de l’argent en contrôlant les grandes entreprises, afin qu’elles fassent ce qu’elles veulent comme elles veulent, et qu’il se débarrasse de tous ceux qui contrôlent un tant soit peu les grands groupes : comme les inspecteurs du travail, les agents des impôts, la médecine du travail…
Quant à taxer les transactions boursières, pour Martin, il n’en est pas question car cela va « faire fuir les investisseurs étrangers ». Revenir sur les allègements de cotisations patronales sur les bas salaires ? « C’est ultrasensible, notamment pour les métiers exposés à la concurrence internationale », dit-il. Il ne faut donc vraiment pas toucher à ce qui rapporte à la classe capitaliste.
Martin se dit bien prêt à discuter de hausses d’impôts, mais à deux conditions : que l’État fasse d’abord « des efforts bien supérieurs à ce qu’il demande aux entreprises » et que « ça n’enraye pas la dynamique d’investissement ». Autrement dit, celles-ci pourraient donner une petite obole pour faire semblant, mais le gouvernement devra tailler à la hache dans les budgets des services publics.
Le gouvernement est ainsi sommé d’aller chercher ces 40 milliards dans la poche des travailleurs en particulier et des couches populaires en général : en supprimant des emplois dans la santé, les transports, l’éducation, chez les territoriaux… et en dégradant encore plus l’état des services publics, des routes, des infrastructures vitales pour la grande majorité.