Michelin–Cholet : “Même si Michelin le veutpas, nous on est là !”19/02/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/02/P12-1_matricules_Mich_Clermont_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C107%2C687%2C493_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin–Cholet

“Même si Michelin le veutpas, nous on est là !”

Jeudi 13 février autour de midi, une trentaine d’ouvriers de l’usine Michelin de Cholet, dans le Maine-et-Loire, ont organisé une opération « péage gratuit » pour s’adresser à d’autres travailleurs.

Illustration - “Même si Michelin le veutpas, nous on est là !”

Pendant une heure et demie, ils ont maintenu levées les barrières du péage autoroutier entre Cholet et Angers, afin de discuter de leur combat avec un maximum d’automobilistes. L’accueil a été chaleureux, et pas seulement parce que leur action faisait baisser le coût du voyage ! Bien des travailleurs ont exprimé leur soutien, et aussi le sentiment qu’une lutte plus générale serait la bienvenue vu l’offensive patronale contre le monde du travail. La distribution de tracts s’est poursuivie en début d’après-midi sur un rond-point proche de l’usine, où les travailleurs ont mesuré une fois de plus la popularité de leur cause.

En lutte depuis le 5 novembre 2024 contre la fermeture de leur usine et de celle de Vannes, et contre les 1 250 licenciements qu’elles impliquent, ils cherchent à multiplier les occasions de faire parler de leur combat – pour tenter de contrer la direction du groupe qui, au contraire, voudrait que cette destruction massive d’emplois se fasse sans vagues et au moindre coût pour les actionnaires.

Le bilan des « négociations » entre représentants des syndicats et du patron, qui se répètent depuis la mi-décembre, est maigre pour l’immense majorité des futurs licenciés : Michelin ne propose toujours pas plus de 40 000 euros d’indemnité de licenciement, alors que les assemblées générales de travailleurs ont fixé leur objectif à 120 000 et que l’intersyndicale, dans un premier temps, visait 70 000 euros.

Il y a deux semaines, les 25 membres de l’intersyndicale (dont neuf seulement issus des sites de Cholet et de Vannes) ont revu leur revendication à la baisse, à 50 000 euros. Cela n’a fait que renforcer chez les travailleurs en lutte la conviction que, comme dit le slogan, c’est pas dans les salons qu’on obtiendra satisfaction.

Mardi 18 février, les syndicats appelaient à faire grève et à se rassembler à Cholet pour soutenir les négociateurs réunis au siège de Michelin à Clermont- Ferrand. Mais au rassemblement de 10 heures, pas un délégué de Solidaires ou de la CFDT n’était présent, seuls ceux de la CGT étaient là. Une fois de plus, le comité de lutte élu par les travailleurs eux- mêmes, syndiqués ou pas, a eu à son actif d’être à l’initiative de l’action, à savoir le blocage de l’usine dès 5 heures du matin. Dans la journée, des travailleurs de Wibaie – actuellement en lutte pour une augmentation des salaires – sont passés apporter leur soutien au piquet, et une action commune a été envisagée la semaine suivante.

Michelin vient de dévoiler ses bénéfices avant impôts pour 2024 et, malgré un tassement des ventes, ils sont confortables : 3,37 milliards d’euros, contre 3,57 milliards en 2023 et 3,39 milliards en 2022. La valeur du dividende va même augmenter, à 1,38 euro par action contre 1,35 en 2023 et 1,25 en 2022. Oui, ces vautours peuvent et doivent lâcher beaucoup plus que des miettes !

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